Hier soir, j'ai profité de mon week-end et de quelques bonnes réduc' pour aller au théâtre avec un ami. J'ai choisi cette pièce "Les deux canards" car j'aime ce genre de comédie. Je ne regrette rien. Même si j'avais un doute au départ, (car deux heures c'est très long quand on s'est trompé de pièce), dès les premières minutes j'ai été pleinement rassurée.
"Les deux canards" De Tristan Bernard et Alfred Athis. Mise en scène d'Alain Sachs. Avec Isabelle Nanty et Yvan Le Bolloch et la troupe du Théâtre Antoine. Les décors de Stéphanie Jarre. Les costumes d'Emmanuel Peduzzi.
La pièce: "Gélidon, écrivain parisien et raffiné, lors d'un voyage en province, tombe sous le charme de Léontine, la voluptueuse et impétueuse épouse de l'imprimeur. Par amour pour lui, cette dernière fonde un journal de gauche et le nomme aussitôt rédacteur en chef. Mais voilà que Gélidon tombe amoureux de l'irrésistible jeune fille du château. Afin de pouvoir l'approcher en toute liberté il devient aussi sur le champ rédacteur en chef du journal de droite que veut lancer son baron de père. Notre journaliste écrit donc le matin sous son vrai nom et le soir sous un pseudonyme dans les deux feuilles concurrentes et politiquement opposées. Jusqu'au jour où conduit par une polémique qu'il a lui même déclenché, il se voit dans l'obligation de se provoquer lui même en duel .... "
Comme le rappel fort bien un des personnages, "si les femmes pouvaient exposer leurs ambitions au grand jour". Car c'est de cela même dont il s'agit, de l'influence parfois porteuse parfois pesante d'une femme. La femme est au centre de tout: ambitieuse, trompeuse, jeune et fraiche, curieuse. Et l'homme subit cette influence et se trouve dans l'obligation de composer avec les éléments tout en essayant de s'en sortir pour le mieux.
Tout cela bien sûr s'orchestre sur fond de politique. Le baron de droite, propriétaire d'un château contre le "citoyen" de gauche à la tête de l'imprimerie. Cette joute se fait par journal et par affiches interposés.C'est un thème politique que je n'ai pas vu beaucoup abordé, ce qui lui donne un attrait supplémentaire. Si ce n'est dans la réalité où dernièrement beaucoup de choses se jouaient par blogs et podcasts interposés. Souvenez vous.
Les scénes marquantes: il y a plusieurs temps fort à cette pièce regroupant tout ce qu'on aime d'une comédie; quiproquos, canailleries, jeu du chat et de la souris, monologue burlesque. Tous les éléments qui font une bonne comédie. Mes scénes préférées restent celles de: la naissance de "Le Phare" le deuxième journal de gauche, la lecture de l'article rédigé par La chevillette sur l'aviation (composé de 4 paragraphes dont la seule différence entre l'un et l'autre reste la formulation), l'explication (quand Gelidon se trouve être presque découvert par Leontine, il arrive à retourner la situation en demandant à Léontine de trouver une justification à ses actes alors que lui même en est incapable) ainsi que la scéne finale du duel. Ce sont des procédés courants au théâtre mais qui sont judicieusement amenés par l'auteur et joués par les comédiens, ce qui n'en fait ni une redite ni un jeu terne et pesant.
Les acteurs et leurs personnages: Côté gauche, on retrouve le mari cocu et fuyant toute contrainte, la femme adultère calculatrice et intéressée qui trompe et se fait tromper. Côté droite, un baron qui soudoie, un militaire empreint de bons principes désuets et martiaux et un précieux fébrile qui le pauvre en verra de toutes les couleurs. Entre les deux, Yvan le bolloc'h un pieds de chaque côté menant admirablement son monde avant qu'une femme ne vienne à s'en mêler. Et le couple de citoyens "épouse" et "époux" qui font les frais des changements d'humeur politique ambiant. Les rôles sont très bien répartis et la pièce bien équilibrée. Chaque personnage haut en couleurs à son moment bien à lui. C'est autant de riches moments.
Le tout est une pièce de qualité, drôle. Le jeu des acteurs est impecable et fluide. La cerise sur le gâteau reste quand même le final. Lorsque les acteurs viennent saluer. C'est une vive émotion que l'on peut lire sur le visage d' Yvan le Bolloc'h et surtout d'Isabelle Nanty. Un vif émoi de jeunes premiers qu'ils arrivent encore à ressentir malgré leur forte carrière et qui boucle admirablement bien la pièce sur une émotion inoubliable.
Un grand merci à tous ces acteurs !!!
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