Magazine Journal intime

Rien de moins

Publié le 22 octobre 2008 par Lephauste

Réveiller une conscience comporte un certain nombre de risques et quand elle est collective là nous ne pouvons plus parler de risques, nous nous devons de parler de chantier du siècle ! Mais quel grand oeuvre n'est-ce pas ? Quel challenge, pénétrer ce marché de la conscience où sous le barnum et les hardes avilissantes sommeille la chair flasque de ce muscle jamais mis à contribution, dégoulinant de la graisse accumulées puis lipo-sucée par des décennies de crédulité infantile : Si le monsieur le dit c'est que ça doit être vrai !

Le monsieur était curé et il expliquait aux pauvres que les voies du seigneur étaient impénétrables et qu'il fallait plier pour passer par le chas de l'aiguille creuse du paradis. Et nous pliions.

Le monsieur était instituteur et nous faisait annoner les insanités dont l'histoire est gavée comme une truie farcie au ténia. Histoires des patries que les guerres protégeaient. Histoire des puissants qu'une lueur intérieure éclairait et qui nous gratifiaient parfois de quelques une de leurs bonnes idées. Histoire des saints, les laïques, les croyants, les martyrs de causes manufacturées. Histoire des conquêtes, des découvertes, des inventions. Et quand il nous apprenait à compter monsieur l'instituteur, c'était toujours par coeur les unités et jamais par million et milliard.

Le monsieur était l'ami de papa, son employeur, son patron, celui par qui tout nous arrivait à la maison des bonnes choses dont nous avions rêvé, le ventre creux. Et quand le soir venu et que nous étions cul nu auprès de la bassine d'eau sale, l'ami de papa nous le renvoyait, exsangue et souvent ivre mort. Mais papa était le meilleur ouvrier de son ami le patron et ça dans l'esprit d'un enfant voué à l'usine,  ça remplace aisément un bon repas accompagné de parents aimant.

Le monsieur portait l'uniforme de la police et venait parfois dans le quartier pour s'assurer que nous étions bien propre et couchés à l'heure dite et que nos parents n'étaient pour rien au monde sujet à caution. Parfois il revêtait la tenue du général en campagne, il bivouaquait aux abords des circuits de retransmission des grands conflits inévitables. Il avait l'air triste d'un père qui voit son enfant enrôlé dans les forces du bien et nous contait par le menu ce qui se passait sur le théâtre des opérations. Il était rassurant mais quand dans le quartier nous voyions revenir untel avec une jambe en moins ... : C'est un imprudent ! Disait le général. Le fils d'untel ? Pour sûr, la concierge était tout à fait de cet avis, c'est un propre à rien !

Le monsieur portait beau le costume trois pièces, il était banquier, industriel, conseiller du président de la multinationale la plus proche et pour finir en beauté le monsieur,  qui voulait qu'aucune de ses bonnes idées ne se perdent,  se faisait élire par ceux là même qu'il avait traité en esclaves tout au long de sa brillante carrière de haut dignitaire de la finance. alors le monsieur pouvait se permettre ce que ni vous ni moi n'imaginons possible. Il se torchait avec tout ce qui trainait, la constitution, le code pénal, le code civil, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la loi. Et plus il se torchait plus nous étions séduit, époustouflés par tant d'audace démocrate, envieux presque puisque ... allez donc tenter de vous torcher le cul avec un procès verbal d'infraction. vous avez la rondelle trop sensible ? Ca se voit pas quand vous allez voter pour qui vous ne savez plus son nom bien que la seule chose qui vous reste c'est qu'il vient d'épouser une call girl. mais vous n'avez pas voté pour lui, non ! non ! non ! Ah,  j'me la f'rai bien moi la chanteuse !

Le monsieur était présentateur vedette du journal de vingt heures et il nous disait de ne pas nous en faire, de rouler moins vite, de ne pas boire au volant, de consommer malin, de faire la chasse au gaspi, de redouter tout ce qui sentait un peu fort aux frontières, de bien profiter du week end qui allait être merveilleux de douceur automnale. Et puis surtout quand venait l'heure pour lui de nous quitter mais à regrets il avait ce bon regard de patron-instituteur-curé-flic-politicien, qui est imparable en termes d'émotions à peine contenues.

Le monsieur était aussi artiste parfois, artiste ? C'est un beau métier dites moi et pis il ya tant de souffrances qu'il faut bien divertir le stade terminal. Et ça chantait des âneries et ça sculptait des insanités de pissotières renversées et ça peignait et ça slamait de la rime sans jambages et ça t'en fichait jusque là de ces films de l'industrie pharmaceutique où le héros pue de la bouche en scope tandis que l'héroïne tente de pas se faire violer par le premier eskimo dégoulinant  au premier rang. Et ça créait tant et dans tous les sens qu'on s'y perdait à télé-charger toutes ces âneries même pas gratuites !

Réveiller une conscience c'est un peu comme de taper là où ça fait mal, au porte-monnaies. Là où on espère bien qu'un jour dieu va apparaître pour nous refiler la combine du loto. Dieu est bon et nos maîtres ne sont pas là par hasard ! C'est le monsieur qui l'a dit.

Et la conscience continuons donc à nous la carrer là où nous pensons. Après tout tout est loin d'être fini, y a de la marge !


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