Magazine Humeur

Interview exclusive de nicolas ancion !

Publié le 22 octobre 2008 par Geybuss

Interview exclusive de nicolas ancion !

Chers lecteurs,
Sur ce blog, j'ai fait la critique de "Nous sommes tous des Playmobiles", recueil de nouvelles de Nicolas Ancion.
A ma grande surprise et pour mon grand plaisir, Nicolas Ancion est passé sur mon blog et y a déposé un commentaire. J'ai publié celui ci pour plus de visibilité dans l'article " A propos de Nicolas Ancion".
Quelques temps plus tard, l'auteur m'a donné un accord de principe pour une "interview exclusive pour le fun" via internet.
Dimanche dernier, j'ai donc envoyé un mail à Nicolas Ancion avec quelques questions préparées. Sa réponse m'est parvenue mercredi et c'est avec son accord que je la publie ici. Mais avant tout, je tiens à remercier Nicolas Ancion pour le temps et la confiance qu'il m'a accordé !

Bonjour Géraldine,
Quelle belle liste de questions ! Je n'en dis pas plus, je réponds tout de go, comme ça vient.
Et zou, c'est parti...


Moi- D'habitude, l'auteur attend le journaliste dans un endroit feutré et discret, souvent le bar d'un palace Parisien ou Bruxellois... Là, je suis dans mon studio Rennais de 28 m², assise sur un fauteuil de plage, derrière moi, Agnès Jaoui chante en espagnol et je bois un grand verre de grenadine. Moi - Et toi, tu es où ?
NA - Dans la cuisine, au rez-de-chaussée d'une vieille bâtisse en pierre, sur la place d'un village à un jet de catapulte de la Cité de Carcassonne. Le seul bruit de fond est celui du moteur du frigo, sur lequel les touches de mon pc ajoutent leur cliquetis trépidant.
  Moi - Mon premier souvenir de lecture, c'est "Oui Oui par en voyage", j'avais 7 ans.   Moi - Quel est ton premier souvenir de lecture ?
NA - Mes premiers souvenirs, ce sont les lectures qu'on me faisait, plutôt que les livres que je feuilletais : "The Cat in The Hat" du docteur Seuss ("Le chat au chapeau" en français) ou les légendes d'Ardenne comme "La capote du pendu", qui me terrifiait à chaque fois que mon père nous la racontais. Puis il y a eu Petzi, "Oui Oui", des tas de BD et de livres de la Collection Rose puis Verte (Fantômette, le Club des Cinq, Alice, Michel...)
  Moi - Depuis l'école primaire, j'ai toujours écrit des poèmes, que j'appelle parfois pompeusement chanson. Puis durant la révision de mon bac Français, j'ai pris la plume pour plusieurs années pour écrire un premier roman.   Moi - Te souviens tu de la 1ère fois où tu as pris un stylo pour écrire en te disant que cette fois-ci, c'est pour de bon, pour plusieurs pages, pour un roman même ! Si oui, qu'est-il advenu de ce premier manuscrit ? NA - J'ai commencé par écrire du théâtre, des textes pour mon théâtre de marionnettes. J'ai un manuscrit rédigé quand j'avais huit ans, qui compte cinq ou six pages et, en triant ses vieux papiers, mon frère est tombé sur une pièce que j'ai écrite et dactylographiée à la même époque. Elle ne fait qu'une page, mais il en a deux versions différentes... A la machine à écrire, ça représente du boulot ! Je ne me souviens pas du tout de ce travail-là, j'étais plus minutieux à l'époque, j'imagine...
 
Moi - Mon premier roman terminé, je l'ai imprimé, relié et envoyé à moults éditeurs... sans succès... puis j'ai abondonné.   Moi - Combien d'années, combien d'envois avant de recevoir une lettre différente des autres, voire peut-être même un coup de téléphone d'un éditeur. Te souviens tu de tes pensées et émotions à ce moment là ? NA- Mon histoire est assez atypique, je n'ai pas envoyé de manuscrit aux éditeurs. J'avais remporté un concours d'écriture à 17 ans, puis un autre, en Suisse, à 19 ans. Je suis, du coup, allé à Genève chercher le prix que ma pièce de théâtre avait remporté. J'ai rencontré des Suisses très sympa, dont un jeune gars, Jean-Philippe Ayer, qui était éditeur. Quelques années plus tard, il a lu un long poème que j'avais écrit, il a voulu le publier en indiquant "roman" sur la couverture. J'étais surpris, avant tout, je n'aurais jamais imaginé envoyer ce texte intime à un éditeur. Je n'aurais jamais imaginé que ce texte pourrait plaire au public. Mais l'éditeur connaissait mieux son métier que moi...

Moi -Quelques années plus tard , mon 2ème manuscrit n'a pas eu plus de chance. Toi, tu as publié plusieurs oeuvres, dont certaines sont en "tirages épuisés".   Moi - Après la publication de 4 romans (ou recueil de nouvelles) et d'oeuvre destinées à un public ado ou enfant, tu dois commencer à bien connaitre le monde de l'édition. Ce monde est il conforme à l'idée que tu t'en faisais avant ? N'est-ce pas agaçant par exemple de ne pas être consulté à propos des couvertures de livres (tu dis en effet sur ton blog avoir découvert la couv' poche de "Nous sommes tous des playmobiles" sur le site de la F...C !
NA - Je pense que chacun doit faire son métier : l'auteur écrit des textes, l'éditeur fabrique et vend des livres. Les aspects commerciaux, la présentation du livre, la couverture, la mise en page, ne sont pas du ressort de l'auteur, si ce n'est dans l'édition à très petit tirage, comme les livres d'artistes. Dans l'édition professionnelle, on travaille avec des professionnels, qui connaissent, la plupart du temps, bien leur métier. Je ne suis pas toujours d'accord avec leurs choix mais ils ne sont sans doute pas toujours d'accord avec mes choix d'écriture non plus. Ils préféreraient sans doute que j'écrive du Marc Lévy ou du Guillaume Musso, pour en vendre plus ;-)
  Moi - Ma culture des bulles se limite à Tintin, Lucky Luke, Les Schtroumpfs, XIII, Torghal, Largo Winch et le cola (pour ne pas citer de marque ) sous toutes coutures.   Moi - Tu es passionné par la BD au point d'en faire un blog et d'intervenir sur celui du Nouvel Obs. Tu es écrivain alors pourquoi ne te lancerais tu pas dans la BD en qualité de scénariste (au cas où tu me répondrais que tu ne sais pas dessiner !)
NA - J'ai un projet en cours avec le dessinateur Nicolas Vadot, mais c'est très lent, on en parle depuis un an, on y travaillera sérieusement dans six mois, et l'album pourrait paraître dans deux ans ! C'est la difficulté avec la BD, entre les idées et leur concrétisation, il y a énormément de travail. Il faut avoir d'excellentes idées pour croire au projet aussi longtemps sans faiblir et sans changer d'avis.
  Moi - Quand je réfléchis, je me dis que la lecture est la passion (parmis une multitude d'autres) dont je ne pourrais pas me passer. Un monde ou ma vie sans livre serait inconcevable.   Moi - Si demain tu es condamné pour perpet' à vivre sur une ile déserte, tu emmènes une bibliothèque de 200 livres au choix où 200 ramettes de papier et autant de stylo pour écrire ? (Le PC est hors sujet car pas d'électricité sur une île déserte) ! NA - Là, je n'hésite pas, c'est le papier sans hésitation. J'adore lire, mais le papier blanc c'est la liberté. Je repeuplerais l'île de personnages et de villes imaginaires pour occuper mon temps et, surtout, mon esprit ! au pire, je pourrais toujours écrire des bêtises dans le sable... Comme il n'y a pas de lecteurs, ce n'est pas grave si ce qu'on écrit s'efface.

Moi - Les idées de manuscrit ne me manquent pas. J'ai d'ailleurs entamé l'écriture d'une multitude de bouquins. Mais comme je manque de talents et peut-être aussi suite dans les idées, je m'essouffle souvent au bout de quelques pages (quand tout va bien).   Moi - Sur ton Blog, tu parles de ta PAE, Pile à Ecrire. Avance -t-elle cette PAE en ce moment ? Y a-til des oeuvres inachevées ?  Peut on avoir un petit scoop sur le contenu de son prochain 'enfentement' ? NA - Ma pile à écrire contient deux longs métrages en chantier (bon, je ne suis pas très loin, mais ça m'occupe une partie du cerveau en permanence), un roman que j'achève et qui s'appellera "L'homme qui valait 45 milliards", un projet de BD avec un dessinateur formidable, Nicolas Vadot (http://www.nicolasvadot.com), plusieurs romans pour enfants auxquels je travaille en ce moment, une pièce de théâtre adaptée d'un livre pour enfants... Et je cherche toujours le titre d'un recueil poétique consacré aux années d'université... Je n'ai toujours pas toruvé la bonne idée, qui me plaise et qui convienne à l'Université de Liège, qui m'a commandé les textes...
 
Moi - Pour gagner ma vie et vivre mes passions, je travaille en qualité d'agent de voyages, métier qui est aussi une passion pour moi.   Moi - Ton métier d'écrivain (et toutes ses ramifications) te suffit il pour vivre ? Si oui pas d'autre question, si non, quel est ton métier de l'ombre ? NA - J'ai eu pas mal de boulot différents (enseignant, rédacteur commercial, éditeur, commercial, responsable de projets culturels...) mais depuis un an, je ne fais plus qu'écrire. Ça se passe bien parce que je bosse beaucoup, que j'écris vite pour certains projets, ce qui compense le fait que je suis en retard sur d'autres...

Moi - Je passe un temps fou sur internet et sur la Blogsophère. En tant qu'auteure de blog et surfeuse sur les blog des autres, le tien entre autres !   Moi - Sur ton blog, tu as écrit (le 17/10)un billet très drôle sur les illogismes statisticiennes des rêquêtes sur Google. (je dis cela pour inviter les lecteurs à remettre ma question dans son contexte , lien pour ton blog sur mon blog!) . Tu y dis : "A se demander pourquoi on perd son temps dans la blogosphère. Le bon goût, comme la vraie vie, est ailleurs..."... Penses tu que ce qui touche à la blogophère soit inutile car peut-être éphémère ? Penses tu que la blogosphère soit si éloignée de la vraie vie ? Et puis, tu passes tout de même du temps sur cette blogoshère... Tu es même arrivé jusqu'à mon petit blog tout neuf ! D'ailleurs, pourquoi tiens tu un blog ?? NA - Ah, je ne pense pas en tout cas que ce qui est éphémère est inutile, au contraire, je pense que l'essentiel est périssable et passager. L,immortalité, la permanence, c'est un leurre, c'est juste quelques trucs qui durent un peu plus longtemps que les autres. Même Leonard de Vinci, à l'échelle de l'histoire de l'humanité, c'est éphémère et localisé, guère plus durable que le succès de Silvester Stallone, à l'échelle de la planète. Tout est éphémère et localisé et c'est très bien ainsi. Mais la vraie vie apporte d'autres choses qui sont indispensables : des vitamines, du soleil, des sourires, le grain de la peau, la nourriture, les livres... Heureusement qu'il y a le monde réel pour nourrir un peu le monde virtuel. On peut facilement se perdre dans l'illusion que les choses prennent de l'importance en ligne. Quand on passe de dix visiteurs par jour à quarante, sur son blog, on a l'impression d'avoir une mission divine vis-à-vis de ses lecteurs. Le silence, la réflexion et la maturation de la pensée avant de s'exprimer sont aussi de très bons moteurs, pour dire des choses intéressantes... enfin, je m'égare. Mon point de vue, en tout cas, c'est que la vie est comme une part de lasagne : les couches se superposent et se complètent, une tranche de blog, une tranche de bouquin, une bonne bd, tous les repas en famille, des rencontres... Il faut le tout pour faire une lasagne, pas juste une couche de béchamel, même super épaisse ;-)
 
Moi - Je ne cesse de lire et pourtant ma PAL est en constante augmentation.  Ma prochaine lecture sera le dernier Marc LEVY que l'on m'a prêté.   Moi - Comment se porte ta PAL, qu'y trouve t-on tout en haut ? - En tout cas, certainement pas Marc Lévy, qui me tombe des mains parce que sa formule est la même que celle des romans-photos de "Nous deux" que je nelis que pour rigoler un bon coup. C'est une question de gout, bien sûr. Ma pile à lire, c'est avant tout des BD, une ou deux chaque jour, notamment pour mon blog "Bain à bulles" que j'anime sur le site Bibliobs. Rayon bouquins sans images, je voudrais lire un bouquin de Thomas Paris, Pissenlits et petits oignons, chez Pocket, dans la même collection que "Nous sommes tous des playmobiles" et je voudrais relire "325000 francs" de Roger Vailland parce que c'est un livre coup de poing que j'ai adoré il y a quelques qnnées et que je voudrais relire de plus près pour voir comment le récit se construit...
Moi - J'adore le Salon du Livre qui se tient à Paris porte de Versailles. Je suis sûre à 99% d'y aller au printempts 2009 Moi - Seras tu présent au salon du livre de Paris au printemps prochains ? Si oui, en qualité d'auteur ou de lecteur ? Et si on buvait un verre ensemble ?
NA - Si je viens, j'accepte volontiers l'invitation. J'espère être présent pour la sortie de mon nouveau roman ou pour la republication chez Pocket de mon recueil "Les ours n'ont pas de problème de parking". Mais je ne sais pas si les dates coïncident. Dès que j'en sais plus, je te fais signe. Bonne continuation d'ici-là ! Bon blog et bonne écriture !

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