Contrairement aux apparences, je suis assez influençable. Pas au point de penser que c'est le dernier qui a parlé qui a raison mais au point d'avoir rapidement des doutes qui viennent embrouiller mon esprit et ce que je prenais pour des certitudes. Comme je n'ai pas vraiment confiance en moi, il suffit que je tombe sur une forte personnalité et tout ce qu'elle dit aura une influence sur mon jugement. Il me faut ensuite faire un effort, un retour sur moi-même pour éclaircir mes idées et voir ce que je crois vraiment, ce que je pense vraiment en mon fors intérieur.
Le problème c'est qu'on me prend pour l'inverse de tout ça et qu'on m'accuse
régulièrement d'influencer voire de manoeuvrer ou même de manipuler les autres. Pourtant, les rares fois où il m'est arrivé d'élaborer des plans pour obtenir quelque chose de quelqu'un,
j'ai toujours obtenu tout le contraire... et ça a été catastrophique. Moralité, j'ai renoncé. Manipulatrice je ne suis pas et manipulatrice je ne serai jamais. En revanche, j'ai eu moi-même
tendance à croire ce que des gens me disaient, donc, à me laisser au moins influencer sinon manipuler. Mais ça, personne n'y croit...
J'ai perdu mon meilleur ami de cette façon. J'avais un doute sur la fille de qui il était tombé amoureux. Quelqu'un m'a confirmé ce doute, j'ai sauté à pieds joints, ravie d'entendre que j'avais
raison. Peu à peu j'ai découvert que d'autres personnes avaient les mêmes doutes que moi et mon meilleur ami a fini par s'imaginer que c'était moi qui les leur avais mis dans la tête (alors
que je n'avais pas parlé avec eux). Il m'a vue comme une espèce de sorcière aux pouvoirs surnaturels, capable de brouiller les esprits, de formater les cerveaux afin d'y implanter ma façon de
penser... Je n'ai pas compris pourquoi. On s'est fâchés. Je ne l'ai plus jamais revu. J'ai eu l'impression que l'avis des autres n'était pas valable sous prétexte qu'ils pensaient comme moi,
comme si je pensais forcément mal... A aucun moment cet ami ne s'est dit que si tout le monde pensait la même chose c'est qu'il y avait peut-être une raison dont je n'étais absolument pas
responsable... d'autant que les gens qui m'avaient donné leur opinion l'avaient fait avant de savoir ce que je pensais donc, comment aurais-je pu les influencer ? Ils avaient, de surcroît, des
éléments dont je ne disposais pas qui avaient accrédité leur thèse (et la mienne par la même occasion mais, par hasard)... je n'avais en rien provoqué les choses auxquelles ils avaient assisté,
qui avaient forgé leur opinion sans que j'intervienne puisque je n'avais rien vu, moi... j'avais juste "ressenti". J'aurais pu me tromper complètement. Ils m'ont confirmé que j'avais raison,
voilà tout.
Lorsque je sens que quelqu'un partage mon avis, c'est vrai que j'ai tendance à me livrer, à faire sans doute trop confiance, à parler trop et mal... mais, c'est un peu comme si, dans ces
moments-là, je me disais "Ah, ben j'avais raison, pour une fois." et je suis rassurée d'avoir eu raison, moi qui n'ai qu'une confiance relative dans mes jugements... et, forte de cette
"approbation", je m'emporte oubliant que peut-être la personne en face de moi me tire les vers du nez afin d'aller colporter la mauvaise parole... bref, dans ces cas-là, je deviens naïve.
Depuis, on m'a encore plusieurs fois reproché d'avoir cet espèce de pouvoir sur les autres... de jouer avec leurs esprits comme on joue à la poupée. Et consciemment, je ne pense sincèrement pas
l'avoir fait... peut-être ai-je une espèce d'aura mystérieuse, cachée, qui me fait influencer les gens que je croise... Pourtant, lorsque j'essaie de convaincre ces mêmes personnes de quelque
chose volontairement, je n'ai jamais de succès ou en tout cas jamais celui escompté.
Alors, suis-je si machiavélique ? Si manipulatrice ? Si mauvaise ? Ce sont des questions qui me trottent dans la tête depuis cette époque...