Magazine Journal intime

Gros dodo

Publié le 23 octobre 2008 par Chondre

J’ai toujours eu un rapport ambigu avec le sommeil. Je suis un gros dormeur et pointe fréquemment du nez après dix heures du soir pour me réveiller généralement de très bonne heure le lendemain. Je déteste les grasses matinées, synonyme de perte de temps. J’aime curieusement la phase d’endormissement mais pas le sommeil en général. Je tente toujours de lutter, mes paupières sont de plus en plus lourdes, je me ressaisis un court moment, mais Morphée est toujours le plus fort. Je me retrouve fréquemment collé contre Snooze, un filet de bave à la bouche, et réveillé par les vibrations de sa manette de jeu. J’ouvre un œil, puis deux, et me dirige, mon doudou dans une main (une vieille couverture en tissu toute pourrave) et mon iPod dans l’autre en direction de notre lit conjugal. Quelques heures plus tard, je me lève et trouve toujours mon mari en train de jouer. Je ne peux m’empêcher de lui faire une réflexion avant de me rendormir. Bon sang, va te coucher bordel, on est déjà demain. Moui moui me répond-t-il.

J’ai un sommeil très agité. Physiquement tout d’abord car je suis somnambule. J’ai passé la semaine dernière deux nuit en Autriche à me lever, à plier mes affaires et à discuter avec de parfaits inconnus. Les chambres d’hôtel représentent généralement un terrain idéal pour de telles crises car je n’y trouve aucun repère familier. Je quitte rarement la chambre et me contente généralement de délirer autour de mon lit. Ces crises sont plus courtes et moins fréquentes à Paris car je connais ma chambre par cœur et me rend rapidement compte que je sucre les fraises. Je commence tout d’abord par pester in petto de m’être fait avoir par mon cher inconscient et me rendors comme un bébé car le somnambulisme est très gourmand en énergie. Je passe également beaucoup de temps à broyer du noir. Le moindre bruit me réveille et me rendormir devient problématique car la boîte de Pandore est grande ouverte et commence à me ronger de l’intérieur.

Trois thèmes principaux viennent en boucle troubler mon sommeil. Je pense tout d’abord à la disparition de mes proches, le plus souvent à la mort de ma grand-mère. Je m’imagine déjà le jour de ses funérailles, une cigarette au bec, en compagnie de ma mère et de sa famille. Je suis très triste et commence à envisager ma vie sans sa présence. En résumé, j’ai bien les boules au beau milieu de la nuit, et j’ai beaucoup de mal à me replonger sereinement au pays de Candy Neige André. Mon travail est également très anxiogène. Je me réveille fréquemment, étant persuadé d’avoir mal géré un problème, oublié d’envoyer un rapport ou de faire une présentation. Le seul moyen de me rassurer est de me connecter au réseau de mon entreprise et de vérifier courriers électroniques et autres tâches. Il m’est déjà arrivé de partir travailler par le premier métro pour être certain de ne pas avoir fait de connerie. Enfin, la maladie est responsable de mes plus belles insomnies. Je suis hypocondriaque et je développe trois ou quatre cancers par ans. J’en ai tous les symptômes. Gliome (cerveau), gastrique, colon. Tout y passe. J’en parle ensuite à Snooze qui me conseille ironiquement d’arrêter la fumette ou de consulter un spécialiste de la spécialité.

Les crises de migraine peuvent également me réveiller brusquement. J’ai bien heureusement une boite de médicaments à portée de main, juste au cas ou. En attendant, je me retourne et trouve toujours un Snooze en plein sommeil profond. J’envie souvent mon nain de mari. Je le regarde, lui caresse doucement le haut du visage. Il ouvre un œil, me sourit et se rendort dans la foulée. Seule une explosion nucléaire pourrait le perturber. Je prends donc mon mal en patience. Je n’allume jamais la lumière pour lire un livre ou le journal, mais privilégie l’écoute de podcasts soigneusement sélectionnés. Je télécharge tous les jours le même programme de chroniques et d’émissions. Deux heures quotidiennes d’écoute sont nécessaires pour combler mes échappées nocturnes. Me réveillant en moyenne toutes les heures et mettant un quart d’heure pour me rendormir, le compte est bon. Je préfère bien évidement cette méthode douce à la prise de somnifères que je n’utilise qu’exceptionnellement en cas de décalage horaire.

Voici donc pourquoi j’ai besoin de beaucoup dormir, la qualité de mon sommeil étant d’une grande médiocrité. Je m’effondre souvent le vendredi soir et me lance très rarement le week-end ou en semaine dans une sortie jusqu’au bout de la nuit avec mon mari qui fait généralement preuve d’une étonnante résistance.

L’idéal pour justifier mon côté casanier et me la jouer Bree à la maison. Et bree à souvent la tête dans le cul.


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