Tu vois cette photo, c’est la seule que je n’ai pu ni déchirer, ni te renvoyer ! J’aurais sans doute dû le faire mais j’aime à me voir insouciante, aller d’avant en arrière, sans que rien ne trouble le mouvement de balancier de l’amour. Tu as toujours su prendre les photos de moi que j’aurais voulu prendre ; tu m’avais donné envie de m’aimer.
A quoi sert de vouloir repeindre le passé ? Les souvenirs s’écaillent et mettent à nu les blessures où s’engouffrent les fragments de notre histoire. Les gens me disent : réagis, d’autres hommes peuvent habiller* ta vie ; mais ils ne savent rien de l’absence qui déchire le désir.
Aujourd’hui je regarde cette photo et je voudrais m’effacer, j’y arrive presque ; je suis floue, je suis un fantôme… bientôt les fleurs seront coupées, le vent éparpillera des pétales de deuil, la balançoire continuera son mouvement d’avant en arrière, mais je ne serai plus là.
* « habiller » ce mot est une réminiscence de lecture d’une pensée lue sur le blog la colline au cigale
PS : cette photo m’a été gentiment prêtée par Lidia, du blog petites régurgitations