- Mais tu veux quoi à la fin ?
- Je veux…je veux le prince charmant !
- Tu veux jouer à Cendrillon ? Mais tu n’as plus l’âge.
- C’est quoi ces histoires d’âges ? Parce que je n’ai plus 18 ans, je n’ai plus le droit de rêver ?
- Si, si, ce n’est pas ce que je voulais dire mais le prince charmant, à notre époque, c’est un peu puéril non ?
- Non !
- Ah ! bon. Bien, tu as surement raison…et tu le vois comment ton prince charmant, sur un beau cheval blanc, pourfendant le dragon pour toi ?
- Ne me prends pas pour plus bête que je ne suis, des dragons, il n’y en a pas. Non, moi le prince charmant je le vois…enfin, je ne veux pas tomber dans les mièvreries ni dans les stéréotypes mais je l’aimerais…entre 40 et 50 ans, fort, sensible, attrayant, belle chevelure blanche lui donnant un air distingué, habillé d’un pantalon en velours, d’un pull en cachemire qui serait doux au toucher quand je me presserais contre lui, d’une veste imperméable de bonne coupe et de bottes pour parcourir son domaine. Il aurait un mas dans la nature et serait vigneron par goût.
- Et il aurait bien sûr une fortune lui permettant d’avoir du personnel pour ses vignes et ainsi de vivre sans trop s’échiner à gratter la terre ?
- Tu te moques ?
Un sourire à peine masqué
- Non, pas vraiment…et c’est tout ? Tu l’aurais rencontré comment ?
- En vacances. Alors seule à découvrir la région, ma voiture en panne sur une route paumée en pleine nature, la batterie de mon portable à plat, la nuit qui tombe, la peur qui s’installe et lui qui aurait débouché au volant de sa Range Rover pour me secourir. Je pourrais rajouter la pluie, comme ça, trempée, il m’aurait invitée chez lui pour me sécher, me réchauffer et au passage, m’inviter à souper.
- C’est bien l’histoire de Cendrillon, un peu mise au goût du jour mais c’est bien ça ! Et la suite, tu la vois dans…son lit ?
- Cendrillon n’a pas couché de suite, je te fais remarquer.
- C’est vrai, à l’époque, il fallait d’abord passer devant le curé. Après ce sauvetage et ce souper romantique, il te raccompagne à ton hôtel ?
- Oui car ma voiture toujours en panne sera remorquée le lendemain. Il m’invitera à me promener sur ses terres et me montrera des endroits charmants et nous échangerons notre premier baiser sur une colline surplombant le village. Tu bailles ? Mon histoire ne t’intéresse pas ?
- Tu veux savoir le fond de ma pensée ?
- Euh, oui !
- Pour une écolo, imaginer un prince charmant avec une Range Rover quand on sait combien ces voitures polluent, je comprends pas ! Pour une féministe comme toi, imaginer vivre une histoire style roman Harlequin, je comprends encore moins ! Donc, soit tu deviens débile avec l’âge, soit tu es en manques !
Rire
- Ni l’un, ni l’autre, je m’amusais.
- Tu t’amusais ? A mes dépens ?
- Non. Pour la Range Rover, je suis d’accord avec toi, j’aurais pu choisir une voiture plus écolo, mais pour le reste, qui te dit que dans le bras d’un tel homme, j‘oublie mes convictions d’égalité ?
Moment de silence
- C’est vrai, pas incompatible, mais si tu trouves ce prince charmant, tu me promets une chose.
- Laquelle
- Tu me présentes son frère !