Depuis le début du merdier et alors que se suivent, se croisent, et se télescopent même parfois, les commentaires et autres analyses, ça me trottait dans la tête.
Tellement studieux à écouter, lire et voir les explications de ce qui c’est passé, de ce qui nous attend, de comment c’est possible, bref de ce qui un jour finira comme un simple chapitre plus ou moins conséquent dans les livres d’histoire, j’en oubliais presque ce qui m’a toujours gêné dans tout ça.
Sans savoir où, ni me souvenir des propos exacts, j’avais la vague impression d’avoir déjà lu ou entendu ce qui me chiffonne dès lors que s’expriment ceux qui ont la prétention de nous expliquer qu’ils ont compris.
Non pas pour que nous comprenions, juste pour que nous sachions qu’eux ils savent.
Qui qu’ils soient.
Et là encore, certains savaient mais l’ont dit trop timidement, apparemment.
Et d’autres savent ce qui va se passer, à la virgule près nous disent-ils.
Mais ils n’en écriront le texte explicatif qu’à postériori, au cas où la masse ne soit pas prête à comprendre ce qu’ils savent si bien.
Et moi qui ne parvenais toujours pas à mettre le doigt sur ce que je ressentais, tandis que je m’efforçais de comprendre ce qu’on ne m’expliquait pas vraiment.
Jusqu’à ce que l’écoute de la chronique quotidienne de Bernard Maris sur France Inter, me fasse associer à la voix entendue une prose écrite de sa main il y a quelques années : Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles (Albin Michel, 1999).
Et là, d’un coup ça m’est revenu, à mon grand soulagement j’arrivais à (re)mettre des mots sur tout ça.
Ils ne savent pas plus que nous, mais ils prennent de telles postures pour nous expliquer que nous ne savons pas, en laissant accroire qu’eux ne seraient pas aussi ignorants, qu’au final nous les laissons se parer de cette légitimité qu’ils se croient autorisés à revendiquer pour continuer à nous expliquer encore et encore.
Et de guerre lasse, nous les laissons continuer à expliquer qu’ils savent…