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Day in & out

Publié le 27 octobre 2008 par Menear
...les trains après les bus et les trams ; en réalité la même chose, si ce n'est que le monde défile plus vite sur la voie d'à côté ou encore que la stabilité de l'habitacle me permet de lire sans avoir le mal des mots ; l'attente est la même, sur un quai en ciment ou devant la place chauve derrières les rues de Nuggets City ou derrière les lignes en braille au sol qui tatouent l'asphalte aux arrêts de tram ; les secondes sont les mêmes ; derrière les vitres sales du RER, la buée par dessus, les noms des gares au-delà floutés par la pluie, l'impression que la nature rend tout le monde myope le temps d'un aller simple au moins ; puis Breathe me me traverse les tempes et mes vitres sifflent mais sifflent mal et l'impression, Sia et les morts de Six Feet Under n'y sont pas pour rien, que mon wagon se remplit de larmes l'espace de trois minutes trente ; l'attente de tout à l'heure, un peu plus tôt, oubliée, évaporée comme mon train, supprimé dixit l'écran de contrôle, et ce gros sac de tôles que j'imagine percé comme une bulle entre deux voies, bulle de rien qui n'a jamais existé et moi non plus d'ailleurs ; j'y pense entre deux heures de mouvement-tire-bouchons ; j'y pense, profitant de la trêve souhaitable qui empêche les téléphones de sonner à nouveau ; je dis sonner comme une métaphore anachronique, car bien sûr rien ne sonne, mon écran se colore juste de cette annonce clignotée qui me rappelle que je dois faire semblant de l'entendre sonner avant de décrocher mon combiné fictif et d'étaler mon ignorance de tout sur tout ce qu'on voudra bien me demander à l'autre bout de la ligne ; puis retour traversé via la Gare de Lyon et quelques annonces filtrées, prises au vol au portable pendant que je trompe l'attente, pour Coup de tête : La voie de départ sera affichée dès que possible / La SNCF vous présente ses excuses / M. Machin est attendu au bureau d'accueil qui fait face à la voie, etc. ; ma journée symétrique se termine comme elle a commencé : le train suivant qu'on attrape parce qu'il faut bien, la nuit qui tombe déjà faute d'une heure en moins, des maux de têtes en buée sèche autour des yeux ; je regarde par la fenêtre pourtant et j'attrape tous les arcs électriques qui traversent les wagons défilants, puis les étincelles bêtement lâchées derrière qui crépitent ; le ciel est gris, les fumées d'usine n'arrangent rien ; dans mon MP3 à présent, ne se découvrent que des paroles du type I don't want anything but you ou and darling I think of you, etc. ; ma seule perspective réjouissante pour la soirée (et celle-ci après s'être farci ma pile vaisselle d'hier négligée pour cause d'OM-PSG) : voir l'épisode 5 de la dernière saison de Desperate Housewives diffusée de la veille et téléchargée du matin ; je crois qu'il est temps que H. revienne : je n'aime pas trop ma vie de célibataire, ces jours-ci...
Diana Krall - Day In Day Out - From This Moment On

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