Je riais sous cape ce matin en me rappelant l’irrésistible histoire que raconte Alexandre Jollien, dans son Eloge de la faiblesse, évoquant son pote handicapé qui, dans le train, pour n’avoir pas à payer sa course, tire la langue au moment où le contrôleur se pointe dans son compartiment. Le drôle en question appelle ça: Opération Lézard. Or ce que je me dis ce matin, c’est que toute la philosophie de Jollien tient en ce programme de l’Opération Lézard. De fait, c’est en tirant la langue à sa poisse de naissance qu’il est devenu ce qu’il est: à savoir un clown de Dieu, un danseur à la Nietzsche, un resquilleur du SuperHandicap.
D'où j'écris à l'instant, je n'ai qu'à me pencher un peu pour distinguer, tout là-bas entre les lambeaux de brouillard, au bord du lac, à La Tour-de-Peilz, ce coin de table éclairé sur lequel travaille Alexandre. Or il doit être en train de penser, puisque voici se dissiper les nuées confuses. Et pour chasser tout à fait la purée de poix: Opération Lézard !