Traitements de choc pour la sclérose en plaques
Deux médicaments donnent des résultats deux fois plus efficaces pour contrôler l'évolution de la maladie. Mais ils sont très agressifs.
Une lueur d'espoir ? « Administré suffisamment tôt, le Campath pourrait efficacement stopper l'avancée de la maladie et rétablir des fonctions perdues en favorisant la reconstitution du tissu cérébral endommagé », assure le docteur Alastair Coles (Université de Cambridge).La sclérose en plaques (SEP) est une maladie incurable du système nerveux, qui touche 80 000 personnes en France. Un dysfonctionnement du système immunitaire provoque la destruction de la myéline qui entoure les nerfs, conduisant à des handicaps plus ou moins lourds (baisse d'acuité visuelle, fatigue, troubles de l'humeur, paralysies partielles...).
L'étude britannique, publiée dans le New England Journal of Medicine, a porté sur 334 patients souffrant d'une forme agressive de la SEP à un stade précoce. Comparé au médicament de référence (Interféron beta-1a), le Campath (alemtuzumab) a montré des résultats deux fois supérieurs. Pourtant, les précédents essais, sur des patients à des stades avancés de la maladie, avaient été des échecs.
Des résultats à Rennes
Au CHU de Rennes, le professeur Gilles Edan a contribué à une étude franco-italienne qui donne des résultats approchants, avec une autre substance, la mitoxantrone. Il participe également à une étude internationale pour évaluer le Campath (jusqu'ici essentiellement utilisé pour traiter la leucémie chronique) sur un échantillon plus large de patients.
« La vraie évolution, c'est de donner ces médicaments à un stade précoce, chez des patients qui souffrent d'une SEP agressive, dit-il. Les résultats sont très intéressants, mais il y a des risques d'effets secondaires. La mitoxantrone détruit les lymphocytes B. Le Campath attaque les lymphocytes T. Il y a eu des cas de purpura, de lymphome, d'atteinte du rein. Ce ne sont pas des traitements que l'on pourra proposer à tous les patients ».
Les études démontrent un bénéfice sur deux à trois ans. Plus loin, on ne sait pas. « Il n'y a pas d'études qui vont durer trente ans. Et attention, ces traitements ne guérissent pas la maladie. Ils contrôlent l'inflammation, mais ils sont puissants et toxiques. Le problème sera toujours de savoir quel est le rapport entre bénéfices et risques pour le patient. »
Philippe RICHARD. source Ouest-France.fr