Des brumes

Publié le 29 octobre 2008 par Lephauste

Tenez, voici du brouillard, une pleine poignée, une douceur gypsophile pour le cas où les éclaircies viendraient à vous dévoiler l'épatante réalité. Voulez vous que nous y joignons un peu de désespoir du peintre, de l'amertume d'O. S., de la lippe sèche d'horloger, de l'encre de seiche où encore de ce concentré d'Amocco Cadiz ? Un peu de fondu au noirte, une aile mazoutée ? Quelques mots d'une chanson de Nicoletta :

"Moi dans mon jumbo jet détourné sur le Koweit

Je ne dis rien mais je m'inquiète (bis)"

Tenez, voici pour la Toussaint une belle botte de fleurs fanées, de la resserre, du frigo. Pas du Montreuil, à Montreuil quand l'oeillet de poète dégueulait, on le fichait au tas. C'est bien simple le tas, c'est un fumier pestilentiel dont les parfums montent au ciel comme la plainte des enfants retraités. Retraités ? Comme il se doit, puisqu'à part les corvées de bois et les pipes à pépé, les enfants n'auront bientôt plus rien à dire que :

Merci bien monsieur le curé ! Bien le bonjour monsieur le député !

Tenez, c'est pour madame, au milieu du brouillard et des fleurs de fossé, l'épatante réalité. Quelques pétales d'une rose dont la teinte fut de moire et qui faillit achever de ses griffes maquillées, en un cri, de nous arracher à la croix où des armoires de linges froissés semblait pouvoir attendre qu'en nous se lève le brouillard.

Tenez, prenez, c'est pour vous !