Au réveil, leur sourire s’entremêlèrent. La puissante averse de la nuit avait balayé le ciel des torpeurs caniculaires. Un ciel léger, bleuté, frais se penchait sur la Seine, d’où miroitait une lumière fine aux passages des péniches. L’air élégant donnait à l’été des allures de jeune homme. Les souffrances s’étaient noyées sous les déluges. Et le matin parisien ressemblait au bonheur. Julia et Thoby s’en allèrent doucement, encore ivres de songes. Le parfum chaleureux des boulangeries les sortit de leurs rêves. Et ce fut à grand faim qu’ils dévorèrent des croissants chauds, et burent des cafés brûlants, quelque part, sur le Boulevard Saint-Michel, sans prêter attention aux premiers travailleurs qui les dévisageaient, goguenards et soupçonneux.
Leur conversation restait simple, entrecoupée de long voyage silencieux, qu’ils faisaient l’un vers l’autre. Julia sentait son rosier, haletant en elle, bien caché, bien sage, quand les caresses de Thoby se promenaient légères sur sa peau palpitante. Elle n’était que frissons, ailleurs, transportée vers des contrées inconnues qu’elle n’avait jamais encore visitées. Le temps passait, sans limite.
A midi, il fallut bien rentrer. Les garçons de service s’affairaient dans les brasseries à monter les tables et les houspillaient un peu. Alors Julia, prenant Thoby par la main, courut jusqu’à chez elle, et lui présenta Jeanne, dont le visage s’éclaira, pour la première fois, depuis si longtemps.