Nous saluons l'arrivée de notre nouveau chroniqueur, Monsieur Snif
Ecrire ce devrait être comme un amour simple et sans tâche comme l’enfant qui aime dessiner ou faire du coloriage. Lire ? Ce devrait être pareil, ne pas s’embarrasser de ce qu’il y a autour : les
professeurs, les littérateurs, les journaleux, tous ceux qui ont des opinions sur tout et qui veulent nous convaincre de « ce qu’il faut lire » et de « ce qu’il ne faut pas lire
».
De nos jours, des citations littéraires insupportables pleuvent dans les média : les Antonin Artaud, les Paul Valéry, les Romain Gary, les Albert Camus sont censés avoir été lus ; et nous ? si on les trouvait pontifiants, chiants et bavards ? Et si leurs vies et leurs oeuvres nous étaient inconnus ?
La nouvelle génération semble ne plus aimer lire dit-on, moi je dis, il y aura toujours nombre d’entre eux qui aimeront écrire et lire, c’est sûr et certain.
Bah ! Avouons que beaucoup d’auteurs français contemporains sont chiants ; suffisamment pour dégoûter plus d’un jeune de la littérature contemporaine française. Et l’intellectualisme affecté dont font preuve la plupart des membres de ces milieux pourris d’ego (éditeurs, critiques, adeptes du café Flore et de la rue Saint-Germain, allez, j‘empaquette le tout) n’est pas très intéressant, il ne réussit qu’à attirer les petits cons à la mode qui ont envie de briller en société. C’est malheureusement cette « élite » bavarde d’écrivains contemporains qu’on aperçoit et qu’on zappe à la télévision au profit de « Koh Lanta » ou bien d’une rediffusion de « FBI porté disparu».
L’image désastreuse des concours littéraires
Le Goncourt prend des tonalités ronflantes. Le Renaudot, ça correspond à quoi ? Chaque année, des journalistes se pâment d’un suspens qui les met en érection eux-même, et peut-être les lecteurs retraités, il en sort des articles verbeux, pas très intéressants où ils tentent de rivaliser de style avec les auteurs ; le Goncourt des lycéens a l’air rébarbatif (rien que le mot lycée a quelque chose de barbant), le prix de Flore a un charme Antédiluvien, et le printemps des poètes est un événement sympa mais bien gentil que l’on peut comparer à la « fête des voisins » .
Je ne dis pas que les livres ne se lisent plus (les best sellers anglais - polars, romans historiques ou Bridgets Jones, David Lodge - marchent du tonnerre), mais que l’auteur français est bel et bien arrogant de ne pas se rendre compte qu’il est en déclin alarmant par rapport aux auteurs anglo-saxons. Notre ère internationale n’arrangera rien : à l’ère d’Internet, de l’image et de la vidéo, les jeunes n’ont plus envie d’écouter des arrogants littérateurs qui « ont une opinion sur tout et sur leur nombril » .
Ecrivains et émissions-télés :
A croire que télévisuellement nous sommes à l’ère du mépris de la littérature. Qu’on observe bien les roucoulement littéraires et le côté pompeux des journalistes-animateurs lors d’émissions à l’audience improbable. Ils invitent sur les plateaux les écrivains « contemporains » à la mode. Ceux qui ont accepté de venir n’intéressent de toute façon plus la jeunesse. Les émissions littéraire à la télévision font émissions de vieux croûtons bavards de cinquante ans.
De temps à autre, un « jeune » auteur vient faire de la décoration sensationnelle pour nous prouver que ces animateurs sur-égocentrés cinquantenaires aiment la jeunesse. A d’autres. Je pense aux Lolita Pille, aux Florent Zeller. A quand le prochain jeune singe savant qu’on exhibera sur les plateaux télé ?
Il arrive que l’écrivain « doué » débarque sur le plateau-télé : son corps chétif et en général moche disparaît dans les décors de strass et de plexiglas. Le vide du débat s’installe : l’ animateur qui a vénéré Pivot déploie son égo et fait de l’ombre à son invité principal (moulinets de bras, enthousiasme surjoué, voix forte et agitée), il lui coupera allègrement la parole parce que le « temps presse » ; on est à la télé. A cela s’ajoute le facétieux journaliste-animateur qui pose des questions-interviews piquantes et stupides pour remplir les blancs. Autre tactique absolue : imposer à l’invité un ennemi juré sur le plateau, juste pour qu‘on s‘envoie un peu des vannes.
Un peu plus d’ombre monsieur l’écrivain ?
Je passe le petit reportage-portrait sur fond musical guilleret et la voix off bêtifiante en guise de description de l’écrivain et de sa personnalité la plus curieuse.
Le journalisme a tué l’Auteur en s’arrogeant un pouvoir creux celui de parler pour ne rien dire et un prestige de pacotille : celui de lui piquer la parole. Et plus
je les vois bavards, enthousiastes à la télé, plus je songe que le journaliste de littérature est une vermine qui a bâillonné tout ce qui avait de magique dans les mots « lire »
« livre » et « écrire » avec sa vulgarité télévisuelle. Alors à tous ceux qui ont des opinions sur tout et qui veulent nous convaincre de « ce qu’il faut lire » et
de « ce qu’il ne faut pas lire » - surtout à la télé - je leur dis : "Quand excédé par toutes ces âneries, j'éteins ma télé, j'ai l'impression de tirer la chasse d'eau".