A l'ACMS, conversation avec le médecin du travail :
- et les trajets en voiture tous les jours, pas trop fatigants ? (sous entendu pour votre âge)
- heu non, je n'ai pas de voiture (il a du voir " cadre " sur ma fiche, sinon il m'aurait interrogée sur le stress induit par les transports en commun)
- ah très bien, c'est responsable et citoyen, mes félicitations Madame
Sauf que je n'ai jamais eu de voiture, et que mon permis qui a presque quarante ans est rose et frais comme au premier jour, intact et sans rides.
Ma longue habitude des demi vérités bafouillées, lorsque la conversation vient sur les performances de telle automobile, le prix du carburant, les embouteillages, le retrait de points, la sécurité du réseau routier.
Mon mutisme gêné, jamais remarqué par mes interlocuteurs soudain absorbés par leur passion du sujet de la discussion.
Ne pas dire ma peur, mon manque de confiance en moi, en les autres, mes cauchemars, ma honte.
Ma jubilation intérieure lorsque j'apprends que telle ou tel acteur, chanteur, écrivain - surtout quand je l'admire - ne sais pas conduire.
Ma résistance inexplicable aux pressions de ceux qui savent que je ne sais pas et voudraient m'aider à me débarrasser de ce qu'ils considèrent unanimement comme un handicap terrible, de nos jours.
Et enfin, après si longtemps, ce joli petit mensonge en prêt-à-porter que m'offre l'homme de l'art !