Magazine Journal intime

Les Phillies ont gagné

Publié le 01 novembre 2008 par Stella

Le baseball est à l’Amérique ce que le football est à la France, dit-on. L’équipe de Philadelphie n’avait pas gagné de championnat (ne me demandez pas lequel…) depuis, allez, vingt-cinq ans. Or ne voilà-t-il pas qu’elle se trouvait en finale le soir même où, à quelques encablures du stade, nous dînions, mes camarades et moi, au restaurant. Le résultat était impatiemment attendu par nos hôtes, un administrateur public qui habitait tout près et que je soupçonne d’avoir choisi l’endroit exprès, et une jeune femme qui était assise à ma droite et ressemblait, trait pour trait, à Bree, l’une des Desperates Housewives… Vous savez : la rousse obsessionnelle… Elle me faisait rire car elle était vraiment caricaturale. Charmante, mais caricaturale. Je lui ai fait compliment sur sa bague, un beau diamant taillé émeraude, juste un peu jaune, peut-être… Elle m’a donc précisé qu’elle avait le mari (lovely) qui allait avec. Donc ledit mari (chéri) lui transmettait les principaux coups et les scores par e-mail, en direct sur son blackberry. Du coup, on a été immédiatement informés de la victoire.

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Et tout le monde de sortir dans la rue pour participer à la fête, en pleine nuit par - 3 degrés. J’exagère à peine. Mais là, surprise : je m’attendais à voir les cordons de gardes mobiles caparaçonnés façon anti-émeute comme au stade de France les soirs de match, mais que nenni : à peine deux cops tous les cent mètres, l’air débonnaire et le regard noyé. Des hélicoptères dans le ciel, tout de même, parce qu’on est en Amérique, mais si haut que je me demande ce qu’ils pouvaient voir, dans toute cette obscurité. Apercevaient-ils vraiment les dizaines de milliers de gens dans la rue : ceux du stade, bien sûr, qui déferlaient vers la ville en vagues compactes, mais aussi les riverains, gavés de pop corn et de bière et que la victoire avait remonté comme des horloges. Tout ce monde marchait, vociférait, beuglait, hurlait à qui mieux mieux. Des feux d’artifices improvisés - dont certains avaient tout de même l’envergure d’un 14 juillet de ville de province - partaient au milieu de la foule. Des feux de Bengale s’allumaient sous vos pieds comme par enchantement, déclenchant des cris perçants des spectateurs hilares. Pas de pétards, cependant. Trop proches, sans doute, du bruit du coup de feu dans ce pays où tout le monde, ou presque, possède une arme. On marchait parfois sur un tapis de verre brisé et je me demande encore comment il se peut que personne n’ait été gravement blessé. Une foule étrange, heureuse sans en avoir l’air. Une foule mélangée, arrimant ensemble des gros agités et des maigres étonnés, des jeunes souffreteux et des minettes éméchées. Certains, des pères de famille flanqués d’enfants fatigués, agitaient des bouteilles remplies d’un truc pétillant, de la bière sûrement, pour en arroser leurs concitoyens. Mémère avec son manteau de faux vison côtoyait Joe The Plumber, torse nu et le visage grimé. C’était étrange, cette foule dehors, braillant la victoire et environnée d’une incroyable odeur de bière rance.

Dans le métro, c’était curieusement calme. Les papis et les mamies comme moi rentraient sagement à la maison, les jeunes étaient fatigués, certains traînant même des enfants endormis.  Aussi ai-je été surprise, en sortant à notre station (quelque chose comme Chestnut Locust, ou Walnut Locust) de tomber à nouveau en plein centre d’une fête délirante, la bière ruisselant jusque dans les escaliers. Seule Broad Street, l’une des artères principales, était fermée à la circulation, si bien que les voitures se pressaient dans les rues adjacentes avec une incroyable férocité et dans un concert de klaxons. A côté, le Grand Embouteillage aurait fait figure d’autoroute allemande.

Ils ont gigoté comme cela jusque vers 3 h du matin, heure à laquelle les derniers à résister au coma éthylique ont rampé jusque dans leur lit. C’était chouette, la fête. J’ai parfois l’impression d’être une extra-terrestre, mais bon…


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