Culotté !

Publié le 01 novembre 2008 par Lili

-   Alors, tu as vu la maîtresse de ton fils hier ?

La jeune femme interrogée portait un jean noir délavé rehaussé d'une ceinture piquée de losanges métalliques et un débardeur gris et blanc sous une veste anthracite. Un petit foulard blanc masquait à peine son décolleté. Jolie fille…Elle s'assit coquettement en posant son sac à main sur ses genoux avant de lui répondre.

-   Oui, ça y est, j’ai eu l’explication. Parce que le mot dans le carnet de correspondance était plutôt inquiétant !

Son interlocutrice, tira sur sa jupe de toile avant de s'asseoir en face. Ses yeux très maquillés masqués par des lunettes à large monture, s'arrondirent de curiosité.

-   Ah bon !

-   Imagine ! L’instit avait écrit "Suite au comportement inacceptable de votre fils, je vous prie de bien vouloir me rencontrer demain après la classe".

-   Oui, je comprends, vraiment flippant. Tu es allée la voir seule ?

-   Oui, je suis partie plus tôt pour la voir à quatre heures et demie, Rémi ne pouvait se libérer.

-   Que t’a-t-elle raconté ?

-   Elle m’a informé, ce sont ses termes, que Maxime faisait de l’exhibitionnisme dans la cour !

Cette fois je tends l’oreille, je suis curieuse de connaître la définition de l’exhibitionnisme pour un enfant de l’école élémentaire.

-   C’est pas vrai !

-   Je te promets! Elle m’a affirmé que, lui-même et un de ses camarades, avaient baissé leur pantalon.

Ah tout de même !

-   Maxime était avec toi ?

-   Oui au début, mais après elle lui a dit d’aller jouer dans la cour avec les enfants qui restaient à l’étude.

-   Et que lui as-tu répondu ?

-   J’étais vraiment très surprise, je connais Maxime, il est plutôt pudique maintenant. A huit ans, il ne veut pas qu’on entre dans la salle de bain lorsqu’il prend sa douche. Alors je lui ai demandé de me fournir quelques précisions, je souhaitais qu’elle me raconte la scène en détails.

-   Et alors?

-   Il a baissé son pantalon, certes, mais pas son slip !

Ouf ! La voilà rassurée.

Cela relativise le mot exhibitionnisme qui me semblait légèrement exagéré. D’après la manière dont elle m’avait présenté les choses, je pouvais penser, qu’il s’était réellement retrouvé les fesses à l’air.

-   Tu lui as fait la remarque ?

-   Non, j’ai simplement souri, l’air tellement soulagé qu’elle l’a noté instantanément et m’a tout de même mise en garde, que c‘était la porte ouverte, que je devais lui en parler, lui expliquer, qu’elle l’avait déjà fait mais que les adultes devaient avoir le même discours, et patati et patata. Je n’ai pas insisté, elle avait l’air si convaincue. J’ai écouté patiemment sa leçon de morale, sur le respect des autres qui risquaient d’être choqués et sur le respect de soi-même dont Maxime devait prendre conscience. J’imaginais mon fils face à un jury d’enseignants lui faisant la morale. Alors moi aussi, j’ai répondu oui Madame, comme on le fait à l’école, je trouvais qu’elle en faisait un peu trop !

-   Tu en as parlé avec Maxime?

-   Oui, bien sûr, mais je lui ai demandé d’abord de me raconter ce qui s’était passé. J’étais curieuse d’avoir sa version de l’histoire, devenue LE fait divers de l’école.

-   Alors, raconte !

-   Sa version était bien différente de celle de sa maîtresse, et dans ce cas, je suis enclin à croire mon fils. Cela prouve que lorsqu’on perçoit uniquement les extraits d’une scène, des morceaux même pas choisis, l’interprétation engendre une autre histoire et par conséquent un jugement erroné.

-   Allez, vas-y, tu me fais languir.

-   Maxime m’a confirmé qu’il avait effectivement baissé son pantalon. Et je lui ai demandé pourquoi. Tu sais ce qu’il m’a répondu ?

-   Bah non, dis-moi.

-   Il m’a annoncé sur un ton magistral : Mais Maman, on jouait aux racailles ! Alors devant mon air ahuri, il a ajouté j’avais besoin de baisser mon pantalon pour qu’on voit mon slip et que ça fasse long là, m’a-t-il expliqué en montrant son entrejambe !