Magazine Journal intime
Néo-E-et-T
Publié le 02 novembre 2008 par PfffttJe ne connais pas d'être patiente, c'est long, c'est chiant, ça m'oblige à faire statue...comme les gamins qui jouent à chat au coin de ta rue. Et hop, perché! Et hop, touché!
T'as usé le peu qui me restait.
Je me suis assise sur le trottoir devant ta porte dérobée.
C'est pas que j'étais devenue patiente là d'un coup à mon âge avancé de fille délurée, mais......je savais rien faire de mieux.
Le jour qui finissait à cause de l'heure qu'on était censé avoir gagnée...sauf que la nuit nous étouffait dès 18 heures désormais, et le froid accable...ça pique mes paupières.
Elles sont fragiles mes paupières, même fermées.
Qui gagne une heure?
J'ai rien pigé moi.
Ou alors, à force de faire la gueule, j'vois plus rien, j'comprends de travers, j'oublie les détails...nan...ben nan...ce serait bien trop simple...oublier les détails.
Comment ça il n'est pas bien construit ce texte?
T'as toujours pas compris que mon lecteur il s'en fout de la construction...les briques, les fondations, tu gardes ça pour les maçons!
J'ai même pas frappé à ta porte de guignol, dans ton quartier aux dix mille lampadaires.
J'm'en fous moi, j'connais déjà par coeur comment c'est chez toi...pas la peine de te la péter...t'as rien pigé de moi, et en plus t'as le culot de laisser ta lumière allumée! Ça tue des ours polaires de faire ça...ben nan tu savais pas...tu sais jamais trop rien qui contrarie faut dire...
Comment ça j'en mets trop des «trois petits points »?
Et! Je copie qui je veux moi d'abord! Les points de suspension ça m'aide à faire de la phrase arrachée à mon cervo...ça fait vidange ou anesthésiant...c’est comme tu veux prendre…c’est comme tu voles, c’est comme t’arnaques…la tuile quoi.
Je massacre comme je peux...on est chez moi là...enfin j'veux dire, sur ton trottoir glacé, dans ton quartier de nazes, devant ta porte de guingois...mais c'est chez moi quand même, c'est dans ma tête! Alors, tant que tu n'as pas montré ta gueule d'enfoiré derrière la vitre, et ben j'écris à ma sauce...et je décide le craquage qui me plaît. Point.
Je m'énerve pas nan. Je suis calme. Très même.
Qui s'agite là dis-moi?
Ben voilà.
T'as aucune idée de ce que ça veut dire : plus rien qui tient debout...
Okay je vais trop loin, t'as idée c'est vrai...tu me l'as dit, t'avais pas l'air menti...
Je viens d'inventer là, pour la rime.
Okay.
Mais c'est chez moi là, c'est ma tête à moi et mes paupières qui crament.
Ça pue cette rue, ce trottoir.
J'vais m'rentrer ouais.
Tu ne sortiras pas ce soir de toutes façons, y a ta femme, tes gosses...mais moi...bon.
J'peux p't'être sonner et me barrer en courant pour foutre la merde dans ta soirée de bon père de famille adooooré.
Mais j't'aperçois, tu me regardes de là haut......et je reçois un texto de toi. Y a d'écrit si je veux que tu descendes...j'te fais signe avec ma tête congelée que ouais ce serait une idée à prendre.
Ta porte taguée qui grince en s'entrebâillant. Je te regarde.Comment t'es grand, comment t'es large, comment t'es fragile en même temps du dedans...comment tu t'approches vers moi sans hésitation, et tu poses ton cul de vieux con près du mien.
Et mes paupières ne se fermeront plus jamais après ça...
C'est toi qui commences:
- On se ressemble hein toi et moi?
- T'imagines pas que je vais t'appeler papa...ça fait trop de temps qui nous a séparé toi et moi...
- N'empêche...tu me ressembles...
- Sauf que j'écris mieux les histoires que toi!
- Travaille la structure et on en reparlera ma fille.
Tu me prends dans tes bras et je laisse faire. Y a des fois, c'est bien d'arrêter de faire la gueule. La paix entre toi et moi. Pour une fois, la paix.
- Et ton éditeur il ne te dit pas que tu pourrais t'appliquer un peu mieux dans la construction?
- Nan, mon éditeur, il suit...il fait bien moins chier que toi...
T'as embrassé mon front comme si j'étais petite fille de rien du tout et t'as dit tranquillement:
- Ben voilà pourquoi t'as un père l'écrivain, pour te faire chier un peu plus que l'éditeur!
A l'étage là-haut, ta femme a gueulé que tu rentres pour le dîner, que c'était déjà cramé et que merde! T'as k nous la présenter ta fille fraîchement retrouvée, c'est cool la famille recomposée et pis surtout, ça justifie pas de bouffer froid!
Et t'as rigolé à ce qu'elle disait de vrai ta femme.
Et ton rire a fait échos dans mes tripes ras-la-gueule de pierres volcaniques en fusion.
J'ai failli chialer, j'me suis mordue la lèvre inférieure, j'ai sauté d'un pied sur l'autre pour te faire croire que j'hésitais. J'ai embrassé ta joue qui pique et j'me suis barrée.
J'suis sûre qu'il y avait du poulet rôti, frites et salade verte.
J'me suis barrée.
C'était pas pour moi.
Poulet/frites/salade verte.
Paupières mouillées...
...et l'eau qui gèle.