Je n’adore rien de plus que l’inventaire à la Prévert que forment les histoires de mes patients.
- L’un me parle de Lexus (il en vend). « Passez me voir, je vous ferai visiter la concession, la moquette y est épaisse ! »
- L’un de fleurs (elle est grossiste en fleurs). L’anesthésiste qui l’a vue croyait qu’elle avait des problèmes de coronaires, et me l’a donc envoyée en évaluation pré-opératoire. Elle ne connaissait même pas le terme « coronaires ».
- L’autre me parle des parties fines à plusieurs qu’ils affectionnait dans les années 80-85 (il en a ramené une séropositivité) : « Le professeur m’a dit qu’il suffisait que le type qui était là juste avant vous l’ait, et que vous ayez une plaie, même minime sur le …. pour que…. »
- L’autre espère me culpabiliser parce qu’il a traversé la moitié de la ville sous l’eau pour venir le jour même, alors que nous avions convenu d’un rendez-vous la semaine suivante au téléphone. Tant pis pour lui, il reviendra en deuxième semaine.
…
Et bien d’autres histoires plus ou moins futiles ou dramatiques.
La comédie humaine s’étale devant nous, chaque jour, pour peu que nous ayons l’immense privilège d’avoir le temps pour l’écouter.