Las de regarder ces toupies humaines qui glissaient sur le parquet, le jeune couple fit ses adieux. Hermann s’en étonna. Déjà ? Il se tournait vers Jeanne, interrogateur. Puis, les mariés partis, peu d’invités se sentirent obligés de rester plus longtemps. Eux aussi, finalement, avaient à faire. Poliment, ils se retirèrent, sur la pointe de pieds, sans faire de bruit pour ne pas déranger la musique qui s’égrenait sans prendre part au drame mesquin qui se jouait sans elle. La foule fondait. Les espaces s’allongeaient entre les rangs des convives. Hermann serrait des mains, sans vraiment comprendre. Vous partez ? Mais …
Des serveurs s’affairaient, libres de vaquer à leur besogne. Hermann regardait Jeanne. Le feu d’artifice ! Vite, au jardin.
Ils ramenèrent chacun une chaise, et les posèrent côte à côte, bien parallèles, sur le gravier blanc qui crissaient sous leur semelle de fête. Les premiers bouquets de couleurs éclatèrent dans le ciel parisien. Pour eux seuls. Des notes de musiques, échappées du salon, parvenaient jusqu’à eux. Hermann prit la main de Jeanne. Des fleurs jaunes étincelaient dans le sommet de la nuit. Jeanne regardait le profil d’Hermann, éclairé doucement par le feu d’artifice. Une larme d’argent brillait. Elle sentit qu’il serrait sa main un peu plus fort.
Ils restèrent ainsi longtemps. La musique s’était tue. Le ciel restait sombre. Les serveurs s’étaient retirés.
Jeanne ?
Oui, Hermann, lui répondit-elle, tressaillant sous l’effet d’un léger vent nocturne.
Et si nous retournions dans le Gers, demain, par le train ?
Oui, ce serait une bonne idée. Et puis, Anna et George ont conservé ma vieille Kangoo, elle pourra nous resservir.
Jeanne sentit la main d’Hermann serrer la sienne encore plus fort. Elle savait qu’il pleurait, comme un enfant. Elle avait retrouvé son sourire d’autrefois. Une sève nouvelle courrait dans ses veines. Elle respirait l’air de cette nuit printanière avec volupté.