DES TRIPS
Je n'ai pas fait l'escapade que je voulais.
Dehors il faisait beau, presque chaud, une sorte de vent de printemps derrière lequel on discernait à peine le malaise d'automne.
J'avais encore le temps de mettre les voiles,
là-bas, en ville, où tout grouillait sur les rails,
les routes, les pavés crissants.
Mes cheveux doux même passés sous la chaleur intenable du sèche-tifs, ma mine scraboutcha, parce que d'hier, j'avais encore des relents de "je suis pas là", les
pieds liés, noués, lovés sous mes fesses, position de gosses assis à terre pour l'histoire à venir.
J'ai déjà fumé.
Petite, mince, blanche, je faisais mine, et j'avalais la buée.
Ca faisait gentiment tourner la tête, l'envolait dans les nuages, puis on rebroussait chemin en soi, on retombait dans ses godasses.
Essayer de cacher cette odeur répugnante, la cigarette froide tient du cendrier, il ne fallait pas sentir pour éviter l'engueulade. Qui nous tombe tout de même dessus.
Le lendemain, moi et ma maigre volonté de gamine, adossées au muret, jetant le paquet par-dessus le buisson.
Depuis, il se traîne toujours dehors, dans mon esprit, le souvenir des feuilles qui volent de mes pieds au sol, et l'incessant bruit d'un souffle plus poussé qu'un autre.
On retient la nostalgie du geste, de ce qu'on faisait dans ces moments-là.
C'est ancré