Dans mon nouveau quartier, tout est plus lent qu'à l'endroit où je vivais (où je vis encore pour quelques jours) avant: les gens y marchent lentement, les ouvrier font la pause sur le trottoir, même le temps se prend.
À un jet de pierre de mon nouveau chez moi, il y a un petit resto de rien. Une porte, une grande fenêtre, une enseigne peinte à la main. Même pas sur une rue commerciale. Je m'y assois pour un deux-œufs-tournés de fin d'avant-midi. La serveuse appelle la cuisinière en lui criant maman et elle connaît le prénom des deux petits vieux assis au comptoir. Sur un tableau au mur, le menu du jour: une soupe aux légumes ou bœuf et orge, du pâté chinois ou des bâtonnets de poisson, et du pouding chômeur ou du pouding au riz. Dans le frigo, entre le Pepsi et le 7up, un gâteau on ne peut plus maison avec un glaçage blanc décoré de petits bonbons de toutes les couleurs comme ceux utilisés par notre mère à notre quatrième anniversaire. Un troisième vieux entre, salue les deux premiers et déroule son Journal de Montréal d'hier. Il commande du foie avec des oignons.
Je suis tout près, je pourrait presque le voir si je me dressais sur la pointe des pieds, et pourtant, je suis à des années lumières du plateau.
Quelque part, sur Bellechasse, le temps se prend.
Vous n'avez pas idée à quel point je suis heureux.