Magazine Journal intime

"A coeur vaillant, rien d'impossible" ?

Publié le 04 novembre 2008 par Tazounette

J’ai envie de parler et peur de trop en dire, pourtant, c’est une boule dans ma gorge, à quoi bon l’ignorer ? A quoi bon la refouler ??? Mettons-là en mots…

Les femmes de ma famille, essentiellement du côté de mon père ont été des femmes « solitaires ». Par la force des choses. Pas vraiment par choix. Elles ont toutes vécu des amours à distance. Elles ont épousé des marins. Leurs hommes absents 9 mois sur 12… Si peu là, en vérité. Elles ont fait marcher leur maison, seules, elles ont élevé les enfants, seules. La sœur de mon grand-père a même eu une enfant handicapée sévère pour 5ème enfant et elle était instit. Elle a tout mené de front. Elles ont tout réussi, même leur couple. Enfin, de sacrées nanas, quoi ! Des femmes fortes, assumant tout avec le sourire, sans jamais se plaindre…

Je suis, comme elles avant moi, vouée aux amours à distance. C’est un fait indéniable. Ca se répète. Et cette situation ne m’effraie pas, ne crée aucun doute inhérent à la situation même.

Comme si inconsciemment, je la recherchais…

Je sais m’accoutumer du manque, je sais profiter des instants quand ils sont possibles, je n’éprouve jamais de rancœur, de sentiment d’injustice face au choix professionnel qui les pousse à partir. C’est un fait, une circonstance à laquelle je m’adapte sans ciller. Je m’y prépare lentement, le temps que la nouvelle soit digérée et puis l’amour se vit « quand même », au-delà des circonstances qui voudraient l’empêcher ou le ternir. Au-delà du manque, au-delà de la solitude, au-delà des espaces temporels entre deux retrouvailles, entre deux instants magiques que la mémoire ensuite, par le souvenir, décuple…

Je ne tombe ni sur des facteurs, ni sur des profs, ni sur des employés de bureau…

Non. Des hommes à mutations. Des fonctions vouées à la mouvance des postes… Malgré les différences de fonctions, de caractères, d’hommes… Etrange… Pourtant, dans cette situation, je m’y suis sens bien… En terrain connu et maîtrisé… C’est la vie à deux qui me laisse un goût amer… Est-ce contre-nature d’aimer sans avoir besoin de « vivre avec » tout de suite ? Est-ce insensé de trouver judicieux de commencer ainsi, lentement, souhaitant juste profiter du bon d’être deux en taisant la douleur d’être seule quand l’autre manque trop fort en se remémorant les instants doux juste derrière, douleur presque douce en vérité ? Serais-je masochiste ?


Ma mère a épousé mon père après trois ans d’un amour à distance alors que les moyens de communication n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Mon frère aussi, à distance, moins grande, certes, mais tout de même, ils connaissent les mêmes difficultés. Et moi, je continue ma route au gré des incompatibilités calendaires plus ou moins longues qui empêchent le rapprochement, la promiscuité si chère aux premiers instants d’une relation et j’en éprouverai même une certaine jouissance ! Contradictoire parce que le besoin de l’autre est là, l’envie tout autant, le manque plus encore… Mais je parviens à garder ce qui pourrait faire mal à distance et je distille alors tout le bon que permet ces échanges en pointillés…

J’aime que la personne aimée me manque, sentir cette absence qui pique ou qui étouffe, ce manque qui étreint l’âme et la peau, sentir mon cœur bondir dans ma poitrine dès que la voix chérie se fait entendre, miracle du téléphone ou dès que nos doigts courent en même temps sur nos claviers pour, par le biais des mails, d’une conversation MSN, se dire tant de choses, chacun avec nos mots, puis profiter des silences comme autant de plages où l’émotion palpable est entière, qui continuent la conversation sans que la voix ne soit nécessaire, où la présence de l’autre est presque criante de vérité… Et sentir cette pression au ventre, dès qu’un SMS arrive et qui en en une courte pensée en dit tellement long… Ces papillons qui animent mon ventre dès qu’il approche de moi, sentir cette pulsion qui m’envahit, et retarder jusqu’à l’étreinte pour les sentir encore vibrer au fond de moi, au-delà du raisonnable parce que l’émotion contenue si longtemps peut enfin se laisser aller en sa présence…

Comme si l’amour n’avait de vraie valeur qu’ainsi vivant, vibrant, douloureux autant que doucereux et balancer ainsi au gré des vagues qu’il provoque, que ce manque de l’être aimé provoque incessamment… Comme une mer qui se trouve si rarement d’huile…

 
C’est ainsi l’amour pour moi ? Se pourrait-il que j’en ai une telle définition ? Pour qu’une telle circonstance se répète, s’installe et soit toujours accueillie sans peur, sans drame, sans vision d’une histoire avortée parce que l’objet de son désir, de son amour et de son envie n’est pas « à portée de main » ? Je trouve étrange les choses qui se répètent, non sur les personnes, mais sur les circonstances…

Je n’éprouve pas de peur face à la distance maintenant encore moins que par le passé. Question de personne... Pour moi « loin des yeux » n’induit pas du tout « loin du cœur ». Au contraire. Il est mille façons de se rapprocher à qui le veut vraiment, hors de toute promiscuité possible. Il est mille façons de faire vivre une histoire au-delà des kilomètres récalcitrants, impossible à amoindrir tout à fait, contrainte à envisager et à distordre à loisir, faut-il avoir une imagination suffisante… Et je l’ai…

Je n’ai point d’appréhension. Pourtant cette boule dans la gorge qui me presse le gosier avec vigueur comme si elle avait un profond désir de voir couler mes larmes… C’est la surprise, peut-être, l’annonce d’un départ précipité, tellement plus tôt que ce qu’on attendait…

Cette urgence à vouloir vivre complètement cette histoire alors que le temps matériel ne le permet pas… N’y suffit pas…

J’ai mal de ce cœur qui bat, de cette émotivité qui veut agir à tout prix, au-delà de tout raisonnable comme s’il y avait un risque intrinsèque, lié au départ que tout avorte « avant »… Avant que tout ce qui est si prometteur ne soit complètement né…

Urgence, urgence, me crie mon cœur… Du calme, du calme, me dit ma tête « Tu as le temps »… Pourtant ce sentiment qui hurle, qui tanne, qui bouillonne et tambourine : « Le temps tu ne l’as pas, il file, il passe, il s’enfuit… Dépêche-toi… Le temps qui file ne revient plus, ne revient pas »… Et tant de temps vide, froid, qui s’annonce, en perspective, lié à demain, juste quelques jours, en vérité…  

Contradictions constantes et normales entre deux idées louables qui s’affrontent. Deux définitions de l’amour. Besoin des deux (là et pas là, distance et présence) et un seul possible… Apprendre à conjuguer avec la nécessité, l’envie de l'autre et l’impossibilité matérielle de se téléporter… Apprendre à dominer ses propres besoins pour faire vivre l’amour malgré la place vide à côté de soi et si pleine en son cœur…

Mon cœur pourtant, a déjà sa réponse, déjà tout impliqué qu’il est… « Vis, me murmure-t-il, Vis ce qu’il y a à vivre et laisse demain à demain. N’y regarde pas de trop près, ne t’y projette pas encore, tu t’y projetterais bien mal… »

J’ai une fâcheuse tendance à suivre les penchants de mon cœur… Ma tête ne me raisonne jamais quand l’émotion est là, pleine et entière. Point de pelote à dénouer. Les fils se dénoueront d’eux-mêmes, naturellement. Avec autant de naturel que les sentiments qui naissent et grandissent vaille que vaille. Comme s’ils savaient mieux que nous ce qu’ils ont à faire…  L’évidence. Le naturel. La sérénité complète…

J’ai cette phrase de Khalil Gibran qui me revient en tête : « Ne pensez pas que vous pouvez infléchir le cours de l'amour car l'amour, s'il vous en trouve digne, dirige votre cours ».

Je crois que l’amour effectivement se fout royalement des circonstances, il naît et prospère, qu’importent les kilomètres, les différences de langues ou de culture, d’âge, de condition. Il se déploie et à nous alors de le faire prospérer, de le plier aux circonstances passagères en ayant suffisamment foi en soi, en l’autre et en l’avenir.

En se connaissant soi-même suffisamment pour ne pas surestimer la difficulté du pari, en étant parfaitement clair sur ce qu’on attend, sur les possibilités limitées de laisser libre cours au caprice, à la nécessité de l’instant et savoir faire avec comme savoir faire « sans »… En se connaissant suffisamment aussi pour ne courir et ne faire courir aucun risque à l’autre… Un respect immense de soi-même autant que de l’autre…

Je me connais suffisamment pour savoir que je fonctionne parfaitement ainsi, aussi longtemps que nécessaire, avec ce paramètre de la distance « durant un temps limité » acquis à ma cause, déjà mesuré, maîtrisé, pesé, pensé, envisagé, parce que j’ai déjà foi en un « après »…

La projection est déjà faite, mûrie, réfléchie et pesée. Point d’aveuglette dans mes choix. La réflexion peut-être rapide mais elle est…

Pour l’instant, tout ce qui compte c’est mon cœur qui bat de nouveau, habité d’une présence nouvelle et constante, d’une nouvelle force qui me rend sereine à un point inimaginable.

Rien ne me paraît impossible, rien ne me paraît insurmontable...

La route est là, claire, lumineuse, devant moi et déjà, déjà, je la foule d’un pied décidé. Je n’ai ni peur de la nuit qui peut suivre au jour, ni peur des obstacles qui risquent d’entraver ma marche, ils seront envisagés en temps utile.

J’avance, volontaire... Ma pépite au cœur qui palpite…

Cette chanson, je la trouve merveilleuse, ces jours-ci.. Elle n'est point gaie, mais cette voix, cette mélodie... Exactement la teneur de la boule qui assaille ma gorge... (Jeff Buckley - Hallelujah)


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