Ils se faisaient face dans le compartiment de deuxième classe qu’ils occupaient seuls. L’homme pencha légèrement sa tête vers la femme et lui dit.
- Je voudrais ne jamais quitter ce compartiment.
- On se connaît à peine, protesta-t-elle.
- J’ai l’impression de vous connaître depuis toujours.
Le soleil se couchait et on entendait, de temps à autre, des bruits de conversations dans le couloir. Elle lui avait déjà confié qu’elle ne pouvait pas rester longtemps avec un homme et qu’elle ne savait pas aimer…. Tant de choses en si peu de temps ! Il la dévorait de ses yeux gris et elle ne savait plus où poser son regard, il était si près.
- Il y a en vous quelque chose de... Donnez-moi votre main.
Il n’attendit pas sa réponse et la lui prit. Il la caressa d’une façon si étrange qu’elle finit par la lui abandonner totalement. Il lui chuchotait des mots tendres qu’elle connaissait trop bien. La nuit commençait à tomber, on ne distinguait plus le contour des choses, et le compartiment se laissait gagner par l'obscurité. Elle ferma un instant les yeux et sentit ses lèvres sur les siennes ; la sensation était délicieuse, mais soudain elle pensa à l’arrivée du train et à Charles qui l’attendrait. Elle avait encore trois heures devant elle, mais saurait-elle encore embrasser Charles si elle avait le goût de l’étranger sur la bouche ?