Magazine Journal intime

Paraconsistance

Publié le 07 novembre 2008 par Alainlecomte

Les temps doivent aller bien mal pour que le mot « communisme » revienne sur les ondes, comme s’il n’était plus un gros mot, ainsi l’autre jour (un samedi je crois) sur France Inter, le matin, on avait invité entre autres Alain Badiou, badiouafppatrickherzog.1225300340.jpgle dernier philosophe, sans doute, issu de Mai 68, et se revendiquant de cet « isme » qui sent le souffre et jette encore la panique dans les milieux de la politique officielle et de la finance. Il a eu cette formule heureuse pour caractériser nos banquiers et autres politiciens agités : « l’excitation prédatrice d’un petit nombre ». Oui, c’est cela en ce moment, l’excitation prédatrice d’un petit nombre face à une marée d’humains dépossédés chaque jour. Et chaque jour son lot de révélations… les sept mille ultra-riches qui ne paient pas d’impôt, les milliers de milliards déversés aux banques et si peu, si peu pour aider les chômeurs et ceux qui vont le devenir. Ces gens du petit nombre devraient avoir honte, mais ils ont peur. Banalement peur. Un ex-PDG (Georges Pébereau, c’est ça ?) annonçait il y a peu dans unepage « débats » que selon lui, nous étions en époque pré-révolutionnaire, que les gens du grand nombre n’allaient plus accepter qu’on les prenne à ce point pour des imbéciles. Le suprême agité, celui qui est en haut de tout ça en ce moment et se démène comme un beau diable, nous donne l’impression d’être une girouette. Ce qu’il a encensé hier n’existe plus, ce qu’il a honni (les emplois dits « aidés ») devient sa planche de salut. Pragmatisme ? non, ère du n’importe quoi. Quand la contradiction n’existe plus. Lacan disait que c’était dans l’inconscient que la contradiction n’existait pas, autrement dit quand on laisse ce dernier s’exprimer. Or, il n’est pas sûr du tout que ce soit la bonne solution pour résoudre des problèmes économiques…. Bachelot dit un jour qu’il faut interdire l’alcool aux jeunes, le lendemain elle en autorise la publicité sur Internet. La contradiction n’existe pas, je vous dis. C’est le triomphe de la logique para-consistante (cette logique inventée pour que la cohérence ne soit plus une norme). Et ils ont peur, alors ils font semblant de s’accrocher aux valeurs humanistes : un scandale que ce monsieur Rouilhan n’ait pas clairement et explicitement dit qu’il reniait son passé ! Des fois que ça donne des idées à d’autres. Bien sûr, ils ont (partiellement) raison : on ne va pas prôner l’assassinat militant, Rouilhan a commis un crime et, en plus, une faute : l’action de tuer un PDG n’a jamais fait progresser la cause ouvrière. Pourtant quand il s’agit de refouler les migrants et de pousser à la mort des milliers d’Africains qui essaient de se réfugier au Nord, ils ne montrent pas autant d’humanisme. Paraconsistance vous dis-je. Tout, et son contraire.

PS: dans mon billet “je suis sinéphile”, j’ai pu donner l’impression de chipoter sur la portée de l’évènement que constitue la victoire d’Obama, et Chantal m’a objecté que ” Ce qui se passe aujourd’hui s’inscrit dans l’histoire comme un événement absolu”. Je crois que c’est elle qui a raison. Plus je lis, vois des images etc. de ce qui s’est passé et de ce qui se passe aux US, plus je ressens à quel point l’élection d’un Afro-Américain à la présidence des US transcende les personnes et les contingences politiciennes. Au départ, ce PS ne devait rien avoir de commun avec le reste de mon billet, or je me rends compte que justement Badiou a fait de la catégorie “d’évènement” un maillon central de sa pensée. Il parle volontiers de “l’évènement mai 68″ etc. voulant dire par là que l’évènement ne se ramène pas seulement au fait brut et à ses acteurs. Nul doute qu’il y a aussi un “évènement Obama” et que celui-ci est capital pour des millions d’êtres humains, à commencer par la population noire des Etats-Unis.

PPS: (qui a à voir cette fois directement avec le reste du billet!) RV de Posuto illustre fort à propos la notion de “socialisation des pertes” avec l’exemple des injonctions qui pèsent aujourd’hui sur les mutuelles, dont certaines ont une gestion capitaliste, avec des biens immobiliers etc. et d’autres, comme la MGEN, sont toutes entières dévouées aux valeurs mutualistes et se trouvent de ce fait pénalisées par une taxe spéciale sur les mutuelles, avec le résultat que ce seront évidemment les adhérents qui devront payer la note.


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