Magazine Humeur

Les vapeurs de Rose me donnent la nausée…

Publié le 09 novembre 2008 par Etxe

Les militants socialistes ont tranché. Ou plutôt non, ils n’ont rien tranché du tout. Submergés par les doutes et les désillusions et préoccupés par le risque de cocufiage, près de la moitié sont restés chez eux, sans compter ceux qui n’avaient pas renouvelé leur adhésion tant ils trouvaient la cause désespérante. Et ceux qui se sont déplacés ont éparpillé leurs voix entre les 4 principales motions, perdus qu’ils étaient par les alliances de circonstance qui leur étaient proposées.

Ennemis d’hier et amis d’aujourd’hui, postures opportunistes ou convictions profondes, chacune des motions a joué sa partition floue, noyant les militants dans un abîme de doute.

Royal a gagné… en perdant la moitié de ses voix par rapport à la primaire socialiste des présidentielles. Le baltringue du Zénith en a refroidi plus d’un, et ses grands écarts entre Modem et mots doux rendent complexe le décodage de la pensée Royale. La tentation du « tout sauf Ségolène » est encore vivace, mais ses promoteurs n’osent pas venir dire à la Presse qu’ils s’assoient sur 30% des militants du Parti.

Hamon a fait un beau score ? Mais il perd le lendemain deux de ses principaux soutiens qui quittent le Parti, ne lui restant pour incarner le changement à ses côtés qu’Henri Emmanuelli, le Roi des Eléphants, qui était dans l’exécutif sortant.

Aubry en embuscade ? Son attelage était celui qui ratissait le plus large… au risque de le rendre impilotable. Car avoir Montebourg, Cambadélis et Bartolone sur son porte bagage, c’est le risque d’arriver à bon port… aux Urgences, le dos transpercé de poignards plus effilés les uns que les autres.

Quant à Delanoë, le seul vrai perdant, il doit désormais s’accrocher à la devise parisienne, « fluctuat nec mergitur » et attendre de meilleurs vents.

Mais le Parti Socialiste a ceci de passionnant que les tripatouillages nationaux trouvent un écho encore plus puissant, et souvent encore plus abscons, à l’échelon fédéral (département).

Exemple en Haute Garonne où le film qui vient de se jouer est à montrer dans les écoles politiques. Je vais essayer de faire simple…

La direction de la Fédération, largement contestée par la base, ne se représentait pas mais soutenait la motion Delanoë. Le Maire de Toulouse, Pierre Cohen, qui fut Strauss-Khanien, soutenait lui aussi son collègue parisien, semant le trouble chez certains de ses colistiers municipaux amis de DSK, comme Joël Carreiras, qui lui, soutenait Aubry. Vous suivez toujours ?

Parmi les soutiens d’Aubry en Haute-Garonne, on trouvait naturellement l’essentiel du courant « Rénover Maintenant », emmené par son leader Etienne Morin, lui aussi élu municipal aux côtés de Cohen. « L’essentiel », car certains, comme Jean-Michel Fabre, soutenaient Hamon. JM Fabre est conseiller général et élu municipal. Il fut même présenté par « Rénover Maintenant » aux primaires socialistes pour la Mairie de Toulouse, mais Cohen étant arrivé légèrement en tête à l’issu du 1er tour du vote militant, ses amis « R.M.istes » s’étaient empressés de passer un accord avec Cohen, dans son dos, l’obligeant à renoncer au second tour et à faire allégeance à Cohen. Soutenir Hamon au lieu d’Aubry, c’était donc pour lui une façon de présenter la facture à ses ex-amis… Mais pas seulement ! Car il semblerait qu’une réunion « secrète » tenue au Conseil Général ait décidé de répartir les « efforts » de l’exécutif départemental entre les motions « Delanoë » et « Hamon », afin de court-circuiter les motions « Royal » et « Aubry ». Vous suivez toujours ?

Résultat des courses ? Et bien comme par hasard, la motion Hamon, arrivée 3ème en Haute Garonne, vient de s’allier à la motion Delanoë, arrivée en tête, pour piloter l’exécutif fédéral. C’est-à-dire que ceux qui furent les plus sévères à la fois contre la direction locale et contre la direction nationale, et qui brandissaient « rénovation » comme unique slogan, se retrouvent en position de cogérer la fédération avec leurs principales cibles d’hier.

Si politiquement, ce rapport de force n’est pas illogique (depuis longtemps, la fédération de la Haute-Garonne se divise schématiquement entre « gauche du PS » pour Toulouse Ville – dont était issu le candidat malheureux du PS aux municipales de 2001- et social-démocratie-cassoulet pour le reste du département), je pense aux couleuvres vivantes et gluantes que doivent avaler les militants sincères qui continuent à se faire balader par ceux qui ont décidé de faire de la politique un métier et non un simple engagement citoyen.

Les futurs dirigeants, départementaux et nationaux, ont aujourd’hui une vraie responsabilité, simple : éviter la mort du PS !


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