Magazine Journal intime

Dark Vador est une grosse tapette

Publié le 19 avril 2008 par Mellebille

Oui, j'ai effacé le billet précédent. Mais j'ai gardé les commentaires alors mouquette je vous prie bien.

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Mais malgré tout, je vous dois quelques explications. Si si. Après, vous allez imaginer des choses, et la vie est déjà bien assez compliquée comme ça, allez. Je vais donc vous expliquer pourquoi fumer peut parfois s'avérer fort utile. Car si je n'avais pas fumé, je n'aurais pas vu la nécessité de contempler mes poumons par le biais d'une radio (mon médecin non plus, d'ailleurs, c'est un type bien). Je vous rassure, mes poumons vont très bien. Par contre, à la faveur de l'éclatante lumière d'un jour inondé de soleil, le bon docteur et moi avons découvert une excroissance suspecte, habilement dissimulée contre mon coeur, que j'ai fort rouge au demeurant. Un gros bébé de 8,2 cm, que nous avons immédiatement baptisé "anévrisme", car c'est un nom qui lui sied bien. Il s'avère qu'un anévrisme de cette dimension est à peu près aussi bienvenu sur une aorte que l'Alien de Ripley. Il peut en outre causer les mêmes dommages
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corporels, en légèrement plus gore. Une bonne nouvelle cependant, les effets spéciaux sont gratuits.

Forte de cette nouvelle assez déstabilisante, je me suis évanouie de peur, avant d'aller voir un chirurgien. Pendant quelques jours, mon humour s'est échappé. C'est vrai, quand on n'est pas médecin, on imagine que ça peut péter à tout instant, et on se tient le thorax même lorsqu'on touille son café, histoire d'assurer à son aorte un minimum de protection.

C'est grotesque, je sais.

En découvrant la radio et ses conclusions, mon chirurgien a dodeliné du chef, s'est appuyé un instant contre la potence d'un de ses patients (qu'il exhibe dans son bureau, en écorché, comme preuve de son savoir-faire), a chancelé imperceptiblement, avant de me demander de m'asseoir et de se mettre à me parler comme à une enfant de 5 ans. En articulant bien. C'est à ce moment que j'ai réalisé à quel point il ressemblait à Patrick Mac Goohan.

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Ce qui n'est pas nécessairement un signe de réussite.

Il a sorti d'un repli de l'espace tout un tas de petites prothèses en tissu (celles en or massif sont réservées à Liberace et à Elton John), me signifiant par là que je n'avais pas le choix. Nous avons envisagé un bref instant une opération au très cossu medical center de San-Diego, mais il semblerait que la sécurité sociale ne se laisse pas facilement convaincre. Trop chaud, trop moite, trop Pacifique. En toute simplicité, l'opération aura donc lieu aux abattoirs de La Villette, réalisée en odorama par John Waters ET Tim Burton.

Lorsque j'ai demandé au numéro 6 ( le prisonnier, suivez, bon Dieu!) à quelle date aurait lieu cette petite sauterie, il a balayé l'horizon d'un revers de la main, avant de lâcher un laconique: "avant-hier si possible".
C'était effectivement une bonne blague.

Et lorsque je lui ai demandé quels efforts je devais éviter, il m'a simplement répondu que "de toute manière, si ça pète, ça pète", que je fasse une compétition d'aviron, ou que je tape le carton avec Jacob Petticoat.  J'ai d'ailleurs apprécié ce cartésianisme, que je considère comme particulièrement respectueux. Sincèrement.

Comme mon plus gros effort consiste à éplucher une pomme de terre, je ne suis pas franchement rassurée, et n'ai pas, pour l'instant,

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l'anévrisme le coeur à me concentrer sur autre chose. Si j'écris d'autres billets avant l'opération,  ils risquent donc d'être un peu monotones, je vous prie de me pardonner pardon je vous prie donc. Mais peut-être ce blog va-t-il se transformer pour un temps en une mine de renseignements pratiques concernant le traitement des anévrismes géants. Ensuite, j'écrirai une encyclopédie. Je serai traduite en 47 langues, je serai célèbre, on s'arrachera ma compagnie.

Hé oui.

Voilà donc le pourquoi du comment du bidule précédent que j'ai crû bon d'effacer. Une fois la peur dépassée, une espèce de fatalisme joyeux vous saisit, vous mettez de l'ordre dans vos affaires, vous vous palpez de temps en temps le grumeau cardiaque avec une espèce de distance, vous vous demandez vaguement si c'est douloureux lorsque ça explose. Sans rigoler, je trouve ça assez logique.

Et vous regardez votre paquet de cigarettes avec une nostalgie très romantique.

Parce que c'est grace à lui que vous avez découvert que votre coeur s'est changé en citrouille.

Voilà pourquoi fumer peut parfois s'avérer fort utile.


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