En marge de tout ce qui se passe, en son monde rien ne l’empresse.
Dans ce petit coin de l’allée, elle trône comme une reine sur son tabouret.
Passant à coté d’elle, son monde m’interpelle.
Mes sens s’éveillent, mes pieds se gèlent.
J’oublie la lourdeur de mes fardeaux,
Le pincement du froid, et je m’arrête à son niveau.
Les aires mélancoliques m’emportent.
La mesure instable me dérange.
Elle me sourit un instant.
Je le lui rends encore plus généreusement.
Ses doigts qui étaient molles sur la console, accélèrent leurs cadence à une vitesse folle.
Sa crinière rousse suit le mouvement.
Ses expressions se durcissent et suivent les variations.
Plus elle accélère le rythme, et plus son visage devient dur.
On dirait qu’elle voit des images imaginaires.
On dirait qu’elle revit un passé éphémère.
Tout à coup elle s’arrête violement.
Sans appel, précipitamment, son visage se décontracte, quitte ses impressions de craintes.
Puis lève la tête, et recommence à jouer.
Elle reprend l’ancien rythme, plus libérée.
On dirait qu’elle est revenu de je ne sais ou,
d’un monde ou seule elle voyait des ombres flous.
Elle me jette un clin d’œil encourageant.
Je reviens de cet endroit féérique, dans lequel m’a emporté cette musique.
Je reviens du pays dans lequel je suis allée, et je me rappelle ou j’étais.
Une rue pleine de 'personnes', illuminée par la présence de cette vagabonde.
Je lui donne quelques sous, et d’un penchant de tête je la salue.
Elle s’interrompt et me dit, 'puisse une lumière illuminer ta vie'.
Puis reprend sa musique de plus belle et reprends son voyage originel.
"je ne reverrais plus jamais cette dame c'est sur, mais elle m'a tellement marqué en cette soirée d'hiver qu'elle s'introduit des fois dans mes rêves, l'une des plus belles expériences muettes que j'ai jamais vécue!"