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Saîda Al-Manoubiya, La Grande Dame de Tunis

Publié le 31 août 2008 par Princesstanit
Mais qui était cette Saïda Manoubiya ? Et qu’est ce qui fait qu'on la vénère jusqu'à aujourd'hui ?
7 siècles plutôt, Lella Manoubiya a défié les normes en vigueur et a soulevé de méchants vents qui soufflent dans les lignes de conduite préconçue et flegmatique. Une rébellion avant l'heure ? Une révolution continue soutenue à travers des siècles de femmes ? La résurrection d'une lignée de femmes effrontées, courageuses, et agréablement insolentes ?
Lella Manoubiya en toute sa tunisienneté ! Echay lellah, Lella Saida :-)
‘Louanges à dieu sainte Manoubiya ‘ 'Echay lellah Saîda El Manoubia' ; une expression que chacun de nous a entendu au moins une fois dans sa vie, de la bouche de sa mère ou de sa grand-mère. Surtout les natifs de la ville de Tunis dont elle fut pendant une époque la sainte.
Née au courant de l'an 595 de l'hégire (vers la fin du 12 siècle JC) son père tient à lui proscrire une éducation coranique qui lui a permis de se cultiver dans le domaine des sciences religieuses et d'apprendre le coran et les hadiths.
Comme le veut la coutume à cette époque, dès qu’elle atteignit les 12ans, son père commença à lui chercher un mari, et voulut qu’elle épouse son cousin. Il espérait ainsi mettre fin à la soif de connaissance de l’adolescente et voiler sa beauté légendaire qui fonctionnait comme un aimant attirant les yeux des hommes.
Aicha refusa catégoriquement la décision de son père, elle se rebella, quitta la maison et se dirigea vers Tunis ou elle erra entre ses ruelles prônant le célibat, l’amour de dieu et l’aide des pauvres.
Elle consacra sa vie à l’approfondissement des ses connaissances dans les sciences religieuses et devint la disciple de sidi Belhassen Chédly, autre grand saint de tunis. Ce dernier fait d’elle sa disciple et elle devient la plus brillante de ses 40 compagnons et élèves. Cette position inégalé dans la confrérie de sidi Belhassen lui permettra d’être nommée à la tête de son ordre ‘La Chadhiliyya’, une position d’autant plus étonnante qu’elle est exclusivement réservée au hommes et qui lui permet d’être supérieur au grands imams de part son savoir et son illumination
Saida Manoubiya errait dans les rues de Tunis, pauvrement vêtue, le visage découvert. Elle ne se gênait pas pour converser avec les hommes en toute liberté, et donna une image totalement opposée à la femme soumise et oppressé de cette époque.
Les récits populaires faisaient d’elle une femme à la générosité incomparable, elle était dévoué à faire du bien, et fut à l’origine de la libération d’un grand nombre d’esclaves, du mariages des jeunes filles et permit à un grand nombre de nécessiteux de faire le devoir du pèlerinage à ses propres frais. On disait d’elle que si la nuit la surprend avec encore de l’argent gagné au courant de la journée, elle ne pouvait dormir de prostration.
Malgré sa position de femme, Lella Saida se fit entourer de disciples qui espéraient puiser dans son savoir et profiter de ses connaissances et instructions. Des grands savants suivaient ses débats avec son maître sidi Belhassen, avec grand intérêt tant les débats étaient enrichissants et solidement argumentés. Ses mêmes imams et savants se déplaçait le jour de l’aïd Alkabir dans sa zaouïa, pour lui présenter leurs vœux. Elle se permettait d’aller librement prier en compagnie des hommes dans la mosquée de Alzitouna.
Ce fut normal que cette déviation, et cette conduite hors norme, lui attirent les foudres des jaloux et des conformistes. Elle fut accusée de tous les maux dont le libertinage et la débauche. Cela n’affecta pas la fidélité de ses disciples et le respect que le peuple, toutes catégories confondus lui avouait.
Cette dévotion, dura même après sa mort en 665 l’an du hégire/1266 après JC, à l'âge de 76 ans. Toute la ville de Tunis suivit son cortège funèbre. Elle fut enterrée au cimetière El Gorgâni.
Aujourd’hui son culte est toujours en vigueur, et chaque lundi et vendredi, des fidèles viennent lire la fatiha dans son mausolée, situé dans sa ville natale à la Mannouba et considéré comme faisant partie du patrimoine historique et religieux compte tenu de sa haute valeur spirituelle.

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