Il est tard.
Je me doutais qu’il ne viendrait pas , mais à chaque seconde j’espérais qu’il apparaisse, que sa grande silhouette se détacherait parmi les invités et vienne vers moi. Avec son beau sourire aux lèvres il m’aurait invité à danser, nous aurions bu un verre, nous aurions parlé, parlé beaucoup, j’avais beaucoup de choses à lui dire, j’avais besoin de sentir sa présence, de me montrer avec lui. Mais il n’est pas venu.
Je l’ai rencontré avant-hier à l’occasion d’un rendez-vous professionnel, il arrivait de l’étranger, une légère lassitude se lisait sur son beau visage que les rides embellissaient. Nous nous sommes regardés un peu plus longtemps qu’il ne l’aurait fallu, créant ainsi une intimité soudaine. L’entretien n’a pas duré longtemps.
Quand il s’est levé, j’ai senti qu’un manque allait se créer en moi. Il s’est tourné vers moi, avec assurance il m’a invité à dîner. Sans percevoir le son de ma voix, j’ai dit :
Oui -
Depuis longtemps, je suis seule, le travail, les doutes, les doutes sur moi, sur les autres. Mon apparence de femme dynamique cache ma solitude.
Ce fût une belle soirée, il était comme, je l’avais imaginé, à l’écoute, prévenant, cultivé. Il ne mangeait pas beaucoup, il grignotait. Peu à peu je me suis détendue, je me suis laissé aller à lui parler de ma vie, de la vie qui passait trop vite, que je n’arrivais pas à combler. Un moment j’ai eu peur de le gêner par mes confidences, mais avec tact il m’a rassurée d’un tendre regard.
Au moment de nous séparer, je l’ai invité à cette soirée privée, programmée depuis longtemps. Il m’a regardé, sur son visage j’ai cru lire un voile de tristesse, il m’a dit : je ferai mon possible pour venir, je vous le promets-
Au timbre de sa voix, j’ai su qu’il ne viendrait pas.