De la politique monétaire (3)
Publié le 15 novembre 2008 par SaucratesRéflexion dix-sept (21 janvier 2007)
Réponse à quelques questions sur les banques
Réponse aux questions de Real (21 janvier 2007)
Salut Real. Quelques éléments de réponse à tes questions (nota, n'étant pas banquier, je ne connais qu'approximativement les produits bancaires proposés, et mes connaissances sont imparfaites notamment pour les PEA).
1. 'Si je place 100 euros sur un support qui rapporte 2%, est-ce que la banque peut utiliser ces euros pour d'autres placements pour son propre compte, me verser les 2% et empocher la différence ?'.
Evidemment, c'est justement le propre de l'activité de la banque, de la transformation bancaire. Les banques collectent des ressources sur tous types de supports, de toute échéance. Et elles emploient ces ressources pour couvrir leurs différents emplois. Elles peuvent donc acheter des titres (actions, obligations), accorder des crédits au taux de 5% pour de l'équipement voir 20% pour du crédit revolving. Ou le replacer sur le marché monétaire à un taux proche de ce qu'il lui coûte. Certains produits doivent être affectés à certaines utilisations, mais ces produit sont rares : les livrets A et le logement social par le biais de la CDC ; les Codevi et les prêts bancaires aux entreprises. Le plus souvent, la banque est totalement libre de l'emploi des fonds qu'elles collectent, et il vous est impossible, un, de récupérer une partie de la rémunération qu'elle en obtient, et deux, de savoir ce qu'elle fait de votre argent.
Ce que l'on appelle transformation bancaire, c'est cette faculté qu'ont les banques de prêter à long terme (de 25 ans à 30 ans maintenant pour l'immobilier) à partir de fonds collectés à court terme ... quelques jours pour les comptes de dépôts à vue, quelques mois pour les livrets et comptes d'épargne, quelques années pour les plus longs placements (PEL).
L'avantage de ce fonctionnement, c'est que la banque agit à ses propres risques. Elle ne pourra pas vous remettre moins que vous n'avez déposé, plus les intérêts. Mais ceci ne concerne que les dépôts, en aucun cas aucun titre, que ce soit obligations, actions, FCP ... Rémunération (normalement) moindre, sûre, mais risque zéro (avec en plus une protection de place qui vous permet d'être rembourser de vos dépôts en cas de faillite de votre banque, jusqu'à un certain montant).
2. 'Question insidieuse: Ou encore, si je place sur un FCP, le gestionnaire peut-il faire des opérations du style dérivés ou vente à la baisse à découvert, au seul bénéfice de la banque. Je ne parle pas ici de malversation d'un employé pour son propre avantage.'
Argh ! Je n'aime pas les questions insidieuses (je blague !) ... On atteint ici les limites de mes connaissances. Ce que je sais, c'est qu'il y a plusieurs types de FCP. Les plus sécuritaires sont les FCP monétaires, sur lesquels il n'y a pratiquement pas de risques pris par le gestionnaire (risque zéro, même ce dernier n'existe pas). Le seul risque pris sur ce type de FCP est un risque de contrepartie, c'est-à-dire un risque de défaut de paiement de l'établissement de crédit ou de l'émetteur du produit. C'est très rarement arrivé. Ce genre de FCP achète des titres en fin de vie (obligations d'état voire d'entreprises) ou des titres monétaires, d'où une rémunération très faible, proche de celle du marché monétaire, mais pratiquement sans risque.
Les autres types de FCP peuvent être obligataires, actions ou diversifiés ... J'ignore s'ils peuvent réaliser le genre de prises de risques dont vous parlez (opérations dérivées ou ventes à découvert), s'ils ont des réglements qui les interdisent, et si ces opérations sont contrôlées, notamment par la Commission Bancaire. Je pense pour ma part que pour ce genre de FCP (à risques), ce doit être possible (mais en même temps, c'est tellement risqué que cela peut aussi leur être interdit).
Mais ce sera forcément pour le compte du FCP. Les plus-values ou les moins-values appartiennent au FCP, et permettent de faire varier sa valeur. Un FCP peut aussi prêter des fonds à sa maison-mère (c'est plutôt ce genre de rapports de groupe qui existe entre un FCP et la banque qui le commercialise et contrôle sa gestion), dans le cadre des opérations de trésorerie des FCP (pour permettre les rachats ou pour bénéficier des nouvelles opportunités), mais c'est alors sans risque, et on rejoint alors votre question n°1 (la banque fait ce qu'elle souhaite de ces fonds, à ses propres risques).
Il y a étanchéité complète entre le FCP et la banque qui le fait souscrire. Ce qui crée justement cette possibilité de gains pour les déposants (ne pas oublier les années 1999 et 2000 où les FCP affichaient des taux annuels de progression élevés mais qui ont été suivies de la crise boursière des années 2000-2002) mais également ce risque de perte en capital (et pas uniquement en intérêt).
3. 'Autre question: pourquoi les banques ne nous ont elles pas proposé des placements dans les pays émergeants (Inde, Chine surtout) où les marchés ont flambé? Est-ce prohibé dans les PEA?'
On est encore plus prêt des limites de mes connaissances. Mais effectivement, les PEA ont uniquement vocation a accepté des placements en valeurs européennes (initialement, seules les valeurs françaises étaient acceptées, et il me semble que ce dispositif a été étendu aux valeurs européennes -mais est-ce à l'ensemble ?-).
Hors PEA, ce type de placements, par le biais de FCP, est évidemment possible. Mais les risques sur les marchés émergents sont extrêmement importants ... La crise asiatique (1997-1998) avait ainsi entraîné une diminution drastique des valorisations sur ces places boursières (voir l'article de Wikipedia à ce sujet).