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Le "voyage" et les sifflements d'oreillle du pere henrouille

Publié le 08 novembre 2008 par Annonymise

Bardamu décrit la vie des Henrouille à qui il rend visite :
"Questionné, moi je trouvais tout comme eux.
Ma mère aussi à moi, elle faisait du commerce ; ça nous avait jamais rapporté que des misères son commerce, un peu de pain et beaucoup d'ennuis. Je les aimais pas non plus, donc moi, les affaires. Le péril de ce fils, le danger d'un emprunt qu'il aurait pu à la rigueur envisager dans le cas d'une échéance périlleuse, je le comprenais d'emblée. Pas besoin de m'expliquer. Lui, le père Henrouille, il avait été petit clerc chez un notaire au boulevard Sébastopol pendant cinquante ans. Aussi, en connaissait-il des histoires de dilapidation de fortunes ! Il m'en a même raconté des fameuses. Celle de son père d'abord, c''est même à cause de sa faillite à son propre père qu'il n'avait pas pu se lancer dans les professorat Henrouille, après son bachot et qu'il avait dû se placer tout de suite dans les écritures. On s'en souvient de ces choses-là.
Enfin, leur pavillon payé, bien possédé et tout, plus un sou de dettes, ils n'avaient plus à s'en faire tous les deux du côté de la sécurité ! C'était dans leur soixante-sixième année.
Et voilà justement qu'il se met, lui alors, à éprouver un drôle de malaise, ou plutôt, il a longtemps qu'il éprouvait cette espèce de malaise mais avant, il n'y pensait pas, à cause de la maison à payer. Quand ce fut de ce côté-là une affaire bien réglée et entendue et bien signée, il s'y mit à y penser à son curieux malaise. Comme des étourdissements et puis des sifflets de vapeur dans chaque oreille qui le prenaient.
C'est vers ce moment-là aussi qu'il s'est mis à acheter le journal puisqu'on pouvait bien se la payer désormais ! Dans le journal c'était justement écrit et décrit tout ce qu'il ressentait Henrouille dans ses oreilles. Il a alors acheté le médicament qu'on recommandait dans l'annonce, mais ça n'a rien changé à son malaise, au contraire ; ça avait l'air de lui siffler davantage encore. Davantage rien que d'y penser peut-être ? Tout de même ils ont été ensemble consulter le médecin du dispensaire "c'est de la pression artérielle" qu'il leur à dit.
ça l'avait frappé ce mot là. Mais au fond cette obsession lui arrivait bien à point. Il s'était tant fait de bile pendant tellement d'années pour la maison et les échéances du fils, qu'il y avait comme une place brusquement de libre dans la trame d'angoisses qui lui tenait toute la viande depuis quarante années aux échéances et dans la même constante craintive ferveur. A présent que le médecin lui en avait parlé de sa pression artérielle, il écoutait sa tension battre contre son oreiller, dans le fond de son oreille. Il se relevait même pour se tâter le pouls et il restait après là, bien immobile, près de son lit, dans la nuit, longtemps, pour sentir son corps s'ébranler à petits coups mous, chaque fois que son coeur battait."

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