Magazine Nouvelles

Un matin d’août

Publié le 17 novembre 2008 par Unepageparjour

Début de Habélard et Lola

Un matin d’août, Monsieur Robert, l’air mystérieux, proposa à Lola de l’accompagner, avec Aicha et Habélard, pour visiter le grand pré. Sans poser plus de questions qu’il n’en était nécessaire, Lola se mit en marche, à côté du poulain, tandis que Monsieur Robert tenait la jument par la bride, devant eux.

Il y a un bon kilomètre, avait-il prévenu.

Ils prenaient des chemins creux en pente douce, bordés de noisetiers sauvages, de châtaigniers au bois souple et au feuillage lumineux, d’églantiers luxuriants. Les premières mûres offraient leur jus soyeux sous le soleil feutré. Les oiseaux, par myriade, jacassaient dans les fourrés. Certains s’envolaient à tire d’aile sur leur passage, fusant vers l’azur argenté, dans un cri strident, ils montaient très vite, très haut, plus haut encore que le soleil. Quelques arbres, déjà, présentaient des bouts d’essai de la mode d’automne, des gants brodés d’or, des étoiles écarlates, alors que le reste des branches croulaient sous les lourds feuillages de l’été.

Le pas des chevaux, le chant de leurs sabots sur l’argile sec, martelaient leur longue promenade odorante, et silencieuse. L’homme et la petite fille ne parlaient guère. Le cœur un peu pincé par l’étonnement, par l’inconnu de ce chemin, Lola serrait plus fort l’encolure du poulain contre elle. 

Nous y voilà, annonça enfin Monsieur Robert, en poussant une clôture semblable à celle du pré au pommier.

Lola frissonna.

Le pré, immense, semblait couvert d’ombre. Les haies, tout autour, donnaient à l’herbe une couleur inhabituelle, un vert très foncé, grave, presque trop sérieux, pour un beau jour d’été comme celui-là.

C’est toujours ici que je fais le sevrage, expliquait Monsieur Robert, assez fier de présenter ce nouveau terrain à la petite fille.

Le sevrage ? Interrogeait Lola, presque inquiète.

Oui, le sevrage. La séparation du jeune et de la poulinière. Il faut les éloigner l’un de l’autre, pour qu’ils ne s’entendent pas appeler. La jument reste dans l’autre pré. Et je mets le poulain dans ce champ-ci.

Mais c’est terrible ! Criait Lola.

Non, c’est la vie. Et puis, ils s’habituent vite. Je n’ai jamais eu de problème avec mes poulains.

Le pré paraissait bien vide, soudain.

Où sont-ils, les autres poulains, ceux qui sont nés avant ? Je ne les vois pas ! S’inquiétait Lola.

Monsieur Robert de l’écoutait plus. Il courait, avec les deux chevaux, dans le grand pré.

Habélard et lola dans le grand pré


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Unepageparjour Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines