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Encore le coup du complot…

Publié le 18 novembre 2008 par Etxe

Ségolène et ses lieutenants me font penser à Blanche-Neige et les sept nains. Vincent, Manuel, Julien, David, Jean-Noël, Gérard et Jean-Louis, forment une jolie troupe autour de Blanche-Ségoneige.

Ils sont jeunes et semblent n’avoir comme seul slogan que « rénovation », et nous devrions les croire sur parole en raison de leur jeune âge. C’est en gros ce que Ségolène a martelé ce matin sur France Inter.

Bien sur, ce genre d’argumentation comporte deux faiblesses génétiques : d’une part, l’âge n’est pas une vertu, et comme l’on dit de grands poètes, « le temps ne fait rien à l’affaire, quand on est…. » (Brassens), et « on m’a vu ce que vous êtes, on vous verra ce que je suis » (Corneille) ; d’autre part, jeunesse n’est pas synonyme de virginité, ces jeunes (et moins jeunes) loups ont en commun d’être déjà des vieux routiers de la politique, avec un savoir-faire certain dans les méthodes douteuses (Guerini), dans le flou rad-soc (Collomb), dans la godille idéologique (Peillon), dans l’opportunisme des vieux briscards (Valls) ou dans la manipulation des réseaux parallèles (Dray) (et je ne parle de Ségolène et Bianco qui étaient déjà à l’Elysée en 81).

Ils sont tous sincères, de cette sincérité qui fait que l’instant présent semble éternel… jusqu’à ce qu’il devienne le passé.

Autre faiblesse de l’argumentation de Ségolène entendue ce matin sur les ondes, et rebattue depuis 3 ans : ils sont tous machos et ils tous contre moi. Difficile en effet de considérer l’élection qui s’avance comme un acte de bravoure sexiste, puisque deux des trois candidats sont des femmes. Et difficile aussi de faire croire au front uni du « Tout sauf Ségolène » puisque face à elle ils sont deux, et que dans le camp Delanoë, certains font comprendre qu’ils vont la soutenir.

Alors elle instrumentalise un nouvel argument de circonstance : « Ce n’est pas la première fois que le vote des militants n’est pas respecté par ceux-là mêmes qui sont encore en scène ». Cela veut-il dire que son ex-mari Hollande avait l’habitude de tripatouiller les résultats alors qu’ils partageaient leurs vies et le même courant ? Cela veut-il dire que Valls, lorsqu’il était le poulain de Jospin, aurait bourré les urnes ou déchiré des feuilles d’émargement ? Ou alors cela veut-il dire que 29% de 55% des voix exprimées, signifie « majorité stable » en patois poitevin ?

Existe-t-il un sport où le score à la mi-temps est plus important que le score final ? Non.

C’est donc sur le terrain des idées qu’elle doit gagner la bataille, et les déclarations de ce matin sont malheureusement encore floues sur les sujets de fond (au-delà de l’analyse sur laquelle tous sont d’accord). Mais elle a de bonnes chances de gagner, même si les chiffres ne plaident pas en sa faveur. Car les chiffres, au PS, sont fluctuants, tant les militants sont déboussolés par tant de haine et de tractations obscures.

Car l’attitude de Delanoë est assez incroyable, qui dit le dimanche qu’il ne choisit pas et qui attend que les militants soient rentrés dans leurs provinces pour annoncer depuis Paris qu’il vote Aubry (ce que tout le monde savait de toutes façons) : elle risque de favoriser un réflexe pro-Royal.

Car de tous les éléphants du PS (et elle en est un(e), quoi qu’elle en dise), c’est depuis trois ans celle qui fait preuve de la plus grande force de caractère, celle qui « en veut le plus » ; et en politique, c’est souvent cette énergie, ce feu intérieur, qui finit par renverser des montagnes, tout simplement parce que les électeurs ont besoin d’être rassurés par leur vote et parce qu’ils aiment être bousculés (Sarkozy l’a bien compris et De Villepin avait eu une expression… imagée sur ce sujet). Mitterrand a terrassé Savary puis Rocard sur ce terrain, Jospin a blackboulé Emmanuelli à ce petit jeu, et Ségolène laissa sur place Fabius et DSK grâce à cette force.

Malheureusement, sa crédibilité comme rassembleuse est largement écornée à cause de son comportement autiste et hautain suite à sa victoire aux primaires socialistes. Elle avait là l’occasion de « plier le jeu », d’être magnanime et de se poser en rassembleuse. Sa défaite aurait alors été un point de départ pour une reconquête, du Parti et des Français (comme celle de Jospin en 95). Elle semble avoir été un point d’arrêt.

C’est finalement peut-être elle qui porte la plus grande responsabilité dans l’absence de rénovation au sein du PS depuis 3 ans (qu’elle dénonçait ce matin).


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