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Les LBO "Une nouvelle gamelle pour les banques"

Publié le 05 octobre 2008 par Stoerckler

Vous avez aimé la crise des subprimes ? Vous allez adorer celle des LBO ! Initiales de l'anglais « Leveraged Buy Out» (« achat avec effet de levier »), le sigle LBO fait, depuis quelques années, un tabac dans le petit monde de la finance. Il désigne un système qui permet à des petits malins de racheter une entreprise sans payer un rond ou presque. Mais, avec la crise financière, la hausse des taux d'intérêt et la baisse des marges, ce système a aussi réussi à plomber les comptes des banques du monde entier de plusieurs centaines de milliards d'euros. Et c'est le nouveau cauchemar de Bercy et de la Commission bancaire, l'ins­tance de contrôle des banques françaises.

La technique est simple comme bonjour : des financiers qui souhaitent acquérir une entreprise se font prêter jusqu’à 90 % du prix d'achat. Pour rembourser le capital et payer les intérêts, certains de ces nouveaux proprios se contentent de puiser dans la trésorerie de la société ou de vendre une partie de ses actifs. Ils s'empressent ensuite de revendre la société, grâce à un deuxième LBO, et ainsi de suite.Ce genre d'opérations offre aux financiers un rendement parfois supérieur à 20 %. Mais l'affaire peut se révéler calamiteuse. Quand les sociétés changent de mains à un rythme accéléré (tous les dix-huit mois environ) elles ne laissent en bout de course que dos coquilles vides incapables de rembourser les dettes. Les banques ne disposent alors d'aucun moyen légal pour se retourner contre les emprunteurs. En juin 2007, la Commission bancaire a souligné cette curiosité juridique dans un rapport public.

Depuis la crise des subprimes, les banques ont réduit fortement l'octroi de nouveaux crédits LBO. Mais le stock est toujours là : rien qu’en 2007 quelques 140 milliards de prêts LBO ont été accordés en Europe et 26 milliards en France. Mais les pertes des banques sont contagieuses : pour limiter leur propres risques, ces braves gens ont en effet transformé leurs dettes de LBO en titres financiers qu’ils se sont empressés de placer sur les marchés boursiers. Cela rappelle quelques chose..

Hervé Liffran, Le Canard Enchainé n°4587 du 24 septembre 2008 <>

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