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Les premiers jours de septembre

Publié le 17 novembre 2008 par Unepageparjour

Début de Habélard et Lola

II

Les premiers jours de septembre distillaient un ciel plus bleu, plus intense, une lumière franche entourait le contour des arbres, comme si l’été, avant de disparaître tout à fait, livrait dans les champs un dernier baroud d’honneur. Mais déjà, la brise devenait plus fraîche, incisive, et mordait les feuillages, qui se teintaient doucement de cuivre.

Lola, calfeutrée dans le fond du car qui l’emmenait, cahin-caha, vers le collège, serrait les dents, sans parvenir à dénouer cette grosse boule qui montait et descendait dans sa gorge. Des larmes brûlantes piquaient le coin de ses paupières. Elle s’efforçait de les dissimuler, malgré tout, derrière ce brouhaha vulgaire, cette meute piaillante que formaient les autres collégiens. La mauvaise route caillouteuse qui serpentait au milieu du bocage en était parsemée, de ces groupes multicolores, rieurs, agités, qui s’enfonçaient ensuite dans le car trop étroit pour tous les contenir, avec force cris, bousculades et coups d’épaules. Les conversations s’animaient autour des mêmes mots, des onomatopées qui revenaient sans cesse. Il y avait les petits de sixième, à la figure inquiète, parfois encore accrochés à des mères désolées. Les collections de nombrils des adolescentes, les marques de caleçons des garçons, les visages bronzés. Quelques amoureux, déjà. La rentrée !

Née fin décembre, Lola paraissait plus jeune, plus enfantine, que ses camarades de classe de quatrième. Les filles, déjà formées, gonflant leur poitrine fière et généreuse, la regardaient d’un air condescendant, faussement étonnées de ses hanches étroites, de son torse plat, de ses jambes droites comme des allumettes. Les garçons ne la voyaient pas. Quant aux professeurs, ils n’en connaissaient que le côté médiocre, le côté un peu pâlichon d’une petite fille mal concentrée, toujours ailleurs, accrochée à ses rêves, dont la culture et l’intellect semblaient n’avoir guère dépassé les bandes dessinées de Lucky Luke. 

Alors, les cours s’étiraient sans fin dans sa tête, les secondes frappaient l’horloge au ralenti, et le temps, qui semblait suspendu au dessus de l’estrade, la faisait piaffer d’impatience. Pour s’occuper, elle griffonnait de minuscules dessins, peuplés de poulains cabriolant par-dessus des haies de fougères aux fleurs buissonnières. Des papillons y prenaient leur envol, avec de grands soupirs, qui parfois s’échappaient de ce fond de classe dans lequel elle tentait de se cacher.

La rentrée des classes de lola


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