Maladie mentale : attention aux amalgames !

Publié le 19 novembre 2008 par Trinity

Voici un communiqué de presse de mon syndicat.

Fédération des personnels des services publics et des services de santé FORCE OUVRIERE

Maladie mentale : attention aux amalgames !

La Fédération FO santé tient à réagir après les décisions du gouvernement qui font suite à l’agression mortelle par un patient de l’hôpital psychiatrique de St Egrève, intervenue la semaine dernière à Grenoble.

Le chef de l’Etat a donc décidé de préparer sans délai une « réforme en profondeur du droit de l'hospitalisation psychiatrique » destinée notamment à mieux encadrer les sorties des patients.
Cette « réforme » devra aussi permettre « d'améliorer la surveillance des patients susceptibles de représenter un danger pour autrui dans le cadre notamment de la création d'un fichier national des hospitalisations d'office ».

L’Elysée avait, en outre, annoncé une enquête de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, « dans la perspective de sanctions éventuelles ». Nous apprenons ce jour, avec stupéfaction, la suspension de ses fonctions du directeur du CHS de St Egrève.
Contrairement à ce qui s’était passé après le drame de Pau survenu dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004 où une aide-soignante et une infirmière ont été assassinées dans un bâtiment de l'hôpital psychiatrique, le ministère de la santé a, semble-t-il, décidé de ne pas réunir les organisations syndicales et professionnelles du secteur de la psychiatrie, ce que nous dénonçons vivement.
Nous le déplorons d’autant plus que le 7 octobre dernier, lors de notre rencontre avec la commission COUTY, nous avons tenu à mettre en exergue « la situation de la prise en charge des soins psychiatriques dans notre pays (qui) devient préoccupante. Nous en voulons pour preuve : l’allongement de la liste des faits divers, dont certains sont mortels ; la prison où, selon les rapports officiels, 20% des personnes détenues présentent des troubles psychiatriques, soit 12 000 personnes dont 4 000 seraient schizophrènes ; ou encore les anciens malades, hier hospitalisés en établissement, aujourd’hui socialement désinsérés, à la rue et livrés à eux-mêmes.

Face à ce constat il est urgent de rouvrir les lits et places nécessaires pour que ces patients accèdent aux soins que leur état exige. C’est pourquoi, FO réaffirme son opposition à toute nouvelle fermeture de services, sachant que, faute de places des hospitalisations sont, tous les jours, refusées. »
Concernant les mesures préconisées par le gouvernement, FO tient à rappeler que Nicolas SARKOZY, ministre de l’intérieur avait dû fin 2007 renoncer au fichage des personnes hospitalisées d´office, qui était prévu dans son projet de loi sur la « prévention de la délinquance ». Le projet de loi prévoyait aussi de renforcer le rôle des maires dans les procédures d’hospitalisation d´office. Ces mesures s´étaient alors heurtées aux organisations syndicales et professionnelles de la psychiatrie qui déploraient un amalgame entre délinquance et maladie mentale.
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L´Ordre des médecins avait dénoncé une violation grave des droits à la vie privée et à l´intimité des patients. Cette levée de boucliers avait permis d’obtenir le retrait des articles 18 à 24 du projet de loi de prévention de la délinquance, qui modifiaient le régime des hospitalisations d’office (HO) et des hospitalisations à la demande d’un tiers (HDT).
A nouveau cette idée d’un fichier national réapparait. Pour FO il est totalement inopportun de vouloir procéder de la sorte, « à chaud » ! et dans le même temps de focaliser sur ces drames.
Quel que soit notre émoi, il faut se garder de toute dérive et stigmatisation des malades mentaux. FO demande la réouverture de véritables discussions sereinement sur ces questions extrêmement sensibles en préservant les droits des patients et les conditions de travail des personnels hospitaliers.

FO rappelle que selon PINEL (1745 – 1826) « les aliénés, loin d’être des coupables qu’il faut
punir sont des malades dont l’état mérite tous les égards dus à l’humanité souffrante ».

Aussi pour FO, la réponse adaptée réside dans la défense des soins psychiatriques et leur prise en charge dans les établissements et les structures d’accueil et de prise en charge relevant de la sectorisation, ce qui implique de mettre un terme aux fermetures de lits et de procéder aux recrutements nécessaires en personnels soignants qualifiés (infirmiers, psychologues, psychiatres…).
Le secrétariat fédéral Paris, le 18 novembre 2008.