Magazine Journal intime

La neige des myopes

Publié le 21 novembre 2008 par Anaïs Valente

L'autre jour, soit un jour oùsque la neige n'était pas annoncée avant quelques jours, nous étions paisiblement installées au bureau, à la fin d'une matinée de travail harassant.

Mostek s'approche soudain de moi, l'œil brillant et le sourire jusqu'aux oreilles, scrutant la fenêtre située derrière mon bureau (oui chuis gâtée, j'ai une fenêtre, que du bonheur). 

Elle s'écrie alors « Yyyyyyyyy neige, oooooooooooh ».

Moi, comme toujours, j'hésite entre le « waaaaaaaaaaaw, de la neige, vive les bonzhommes (que je ne fais plus jamais), les batailles de boules (j'ai passé l'âge) et les descentes en luge (pitié pour mon vieux dos) » et le « pffffffff on va encore patauger dans la gadoue la gadoue oh la gadoue (Jane Birkin) au dégel ».

Je pense ensuite à ce disque de mon enfance.  Un disque de Musti.  Première neige.  « Y neige », dit Musti.  « Y neige », dit la petite souris ».  Je me retourne pour admirer les premiers flocons, faire le vœu de rigueur (ben oui, toujours un vœu pour les premières fois), râler un peu et rêvasser beaucoup.

En effet, je vois tomber quelques trucs qui semblent blanc.

Mais bon, chuis aussi myope qu'une taupe sans ses lentilles.

Il me semble pourtant que ce blanc n'est pas super blanc. 

Mais bon, les flocons, dans le ciel, ils ont l'air gris.

Il me semble pourtant que ce blanc tire vers le brun.

Mais bon, ça doit bien exister la neige marron, non ?

Non.

Mostek et moi nous approchons.  De plus en plus.  Je plisse mes yeux de taupe, je remets mes lunettes bien sur le nez (les grands myopes savent qu'un plissement et des verres au plus près des globes oculaires améliorent la vision), et je découvre que ce qui tombe n'est pas de la neige.  Chais pas ce que c'est mais c'est pas de la neige.

Je plisse et plisse encore, je plisse et replisse, lorsque je remarque qu'un de ces OVNIS vient d'atterrir sur l'appui de fenêtre.  Je me penche, je me penche encore et je découvre des aiguilles de sapin simplement transportées par le vent.

Déception.  Rire.  Tristesse.  Rire. 

Morale de l'histoire : Mostek est plus myope que moi. 

Que du bonheur.

Et un dessin de Domie pour illustrer le grand froid et la neige qui me convainquent déjà de squatter le canapé en compagnie de mes DVD d'Orgueil et préjugés.

froid



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