La philo fait un tabac (21 novembre 2008)
On apprend que les ouvrages (simples) de philosophie - disons les Luc Ferry et autres Comte-Sponville - font un tabac en ce moment.
Notons que "faire un tabac" n'a rien ŕ voir avec l'usage du tabac. Beaucoup de choses partent naturellement en fumée, mais "faire un tabac" vient de "tabasser". On observe donc une pression médiatique (magazines, émissions de télé, radio) qui s'ajoute ŕ toutes les autres pour présenter le produit de consommation "philo" absolument indispensable.
L'argument est simple. Dans un monde qui a perdu ses repčres, qui est soumis ŕ toutes sortes d'évčnements incompréhensibles, ŕ la crise financičre oů l'on sent bien que plus personne ne sait oů l'on va ne sachant trop d'oů on vient (qui écoute encore chaque jour les performances erratiques des Bourses ?), ŕ la crise économique et son cortčge d'annonces de baisses de production et de licenciements, ŕ la crise réelle qui touche tout un chacun - il est urgent de retrouver du sens, au rayon "développement personnel" du moins. En fait c'est un kit de survie qu'on propose.
La philosophie n'a jamais paru vraiment simple ni si facile. Le problčme est qu'il faut se coltiner avec les textes, se les ré-approprier - le commentaire, s'il peut servir d'introduction, ne remplace pas l'expérience vécue personnelle du texte. Tout comme toute la littérature sur la méditation ne remplace la pratique personnelle de la méditation.
Serait-ce en somme le dernier avatar de notre société de consommation ? Les vitrines de notre société vont clignoter de tous leurs néons ces jours de fętes. Mais c'est derričre ces vitrines qu'il faut aller chercher les choses qui valent.
Article ajouté le 2008-11-21 , consulté 3 fois