Les réalités sublimées de Robel Berhane
Publié le 21 novembre 2008 par Icipalabre
Dans le vaste territoire de l’art moderne éthiopien, Robel Berhane s’est aménagé son propre espace, à la croisée de l’art décoratif, de la figuration et du symbolisme. De son poste d’observation, cet artiste, très influencé par le graphisme, le design mais aussi par certains courants esthétiques du XXème siècle tels que le réalisme, s’efforce d’imprimer sur ces toiles une vision sublimée des réalités culturelles éthiopiennes. La compréhension de ses oeuvres obéissent à une dialectique de la réalité contemporaine et de la survivance des éléments symboliques de la culture éthiopienne. Hors d’une telle optique, son travail ne peut être compris.
Si la filiation artistique de Robel Berhane avec des peintres occidentaux tels que Gustav Klimt a parfois été suggérée, son vocabulaire visuel puise d’abord en effet dans les matériaux symboliques, les codes et les variations géométriques qui sous-tendent la tradition iconographique éthiopienne.
Ces personnages essentiellement féminins, vêtus de costumes traditionnels, s’exposent avec fierté aux regards du spectateur comme pour témoigner de l’originalité d’une esthétique, toujours ancrée dans la tradition certes, mais dont personne, aujourd’hui encore, malgré l’évolution du goût et du plaisir esthétique, ne pourrait mettre en doute la magnificence. Il y a là un message par lequel le peintre illustre et réaffirme d’une certaine façon cet isolement séculaire du reste du monde que plusieurs générations d’artistes éthiopiens “vivant en Ethiopie”, ont parfois revendiqué, justifiant ainsi le caractère autoréférentiel de leurs productions . Conformes à cette logique, les oeuvres de Robel Berhane, s’nscrivant presque organiquement dans l’aura symbolique d’une Ethiopie éternelle, tirent d’elles-mêmes et du temps présent, une originalité exceptionnelle.
NJ