Les SMS se sont échangés avec ferveur cette nuit entre Ségolénistes et Aubristes, et les noms d’oiseaux aussi. Triste spectacle.
Une défaite est toujours amère, à 1 voix près, à 42 voix près ou à 2,2 millions de voix près. Le problème chez Ségolène Royal c’est qu’elle avait déjà considéré ses 47% face à Sarko comme une victoire (2,2 millions de voix derrière), alors vous pensez, 49,92% et 42 voix de retard, c’est un triomphe. Ce qui politiquement est vrai, comme je l’écrivais cette nuit.
Mais dans une élection à deux, il y a un numéro 1 et un numéro 2, c’est comme ça. Et si l’écart est infime, cela peut semer le trouble, mais cela peut être aussi l’effet de la démocratie.
Les accusations de Royal et de ses portes flingues sont “fort de chabichou” :
Elle considère comme déloyal que des lieutenants d’Aubry aient annoncé les résultats à 1h du matin ? Outre le fait qu’il faudrait qu’elle comprenne une fois pour toutes que la politique ce n’est pas le pays des Bisounours, il faut savoir que dès 23h, son bras droit Rebsamen (qui soit dit en passant est le numéro de Hollande à la tête du parti depuis longtemps, ce qui est un gage de rénovation…) abreuvait les rédactions de textos où il annonçait une victoire confortable de Royal à 53 % (comportement dénoncé sur un plateau de France 3 à 23h30).
Elle demande à revoter, non pas tant sur des questions techniques, mais sur des raisons politiques, ce qui est ahurissant. Comme le montrent les vidéos diffusées sur son site Désirs d’Avenir, ses lieutenants portent de vagues accusations techniques et font un long discours politique, déconnectés du problème.
http://www.desirsdavenir.org/segolene-royal/les-actualites/pourquoi-nous-appelons-a-revoter/22-11-2008
Valls par ailleurs déclarait ce matin que c’était un scandale d’avoir organisé le 2ème tour le lendemain du 1er : mais c’est depuis longtemps prévu comme ça, c’est dans les textes, et je ne me souviens pas de l’avoir entendu râler dans la semaine sur ce sujet.
Et enfin, si on devait revoter, l’écart ne serait peut-être plus de 42 voix mais de quelques centaines ou milliers : les résultats par fédération mis en ligne ce matin sur le site du PS montrent en effet que Ségolène nous refait des scores soviétiques dans les grosses fédé des Bouches du Rhône et de l’Hérault, dont elle n’est pas issue. Guérini et Frèche, les papys flingueurs que le sud de l’Italie nous envie, seraient peut-être embarrassés par ce 4ème tour…
Et quand bien même, que Royal gagne avec 50,05 ou Aubry avec 50,02, cela signifie que le Parti est fracturé et qu’il faut le reconstruire, et qu’elles ont toutes les deux l’obligation morale et politique de s’y coller ensemble.
La solution : se mettre d’accord sur une plateforme minimale, organiser un “gouvernement d’union nationale” provisoire et proposer aux militants, dans quelques semaines, une candidature unique au poste de 1er secrétaire, comme Peillon (qui semble plus oecuménique que d’autres).
En revanche, vomir sur le parti et demander à revoter sur les mêmes bases qu’hier soir est un comportement suicidaire dont les promoteurs devront être tenus pour responsables.