Magazine Journal intime

2.

Publié le 23 novembre 2008 par Pffftt
2.
A 6 heures il émerge, il est toujours bloqué, faut pas chercher hein ?
Bien fait pour sa gueule il n’avait qu’à aller se coucher comme tout le monde dans des draps bien frais. Il se colle sous la douche vingt longues minutes brûlantes et il part sans rien avaler, ça bouillonne toujours de trop dans son ventre. Sur le palier, la porte en face il toque trois coups et puis deux, c’est leur code secret. Charlie ouvre. Sous ses yeux il y a du violet, sur son nez un genre de rose bébé et sur le front du vert de l’été. Les couleurs lui il sait pas trop en parler. Il embrasse sa joue, il n’y a pas de peinture dessus.
- T’as encore fait l’artiste toute la nuit ?
- Hum…
- T’as du café ?
Elle lui fait signe de s’asseoir, elle l’aime bien Thomas. Il se fait une petite place dans un coin, pour rien déranger. Des planches colorées y’en a partout. La table, l’évier, les fenêtres, ça se tient avec des épingles en bois, ça dégouline par endroit, cette cuisine c’est la préférée de Thomas. Il regarde les dessins et puis dans son ventre ça se desserre joyeusement, il a même un peu faim. Charlie lui sert un café et deux tartines chocolatées.
- T’as pas dormi toi nan plus…
- Si sur le tapis.
- Yvan ?
- Ouais Yvan.
Le loupiot bondit sur la chaise en face, il boit son bol de lait avec une paille et il grignote des Chocapics, les yeux pleins de sommeil, les cheveux en bataille. Il est beau ce zozio.
- Alors super héro t’as fait des rêves de Batman cette nuit ?
- Mouais avec ma cape et mon épée !
- Ben c’est pas Batman ça ! C’est Zorro la cape et l’épée !
- De qui ?
- Personne va…
Charlie sort la gamelle du frigo.
- Je t’ai fait des carbo ça ira ??
- Putain Charlie ! deux fois des pâtes dans la même semaine tu chies là !
Il se marre. Elle aime quand il rit fort.
- Tu pourras me dépanner ce soir ?
- Ouais, tu bosses jusqu’à quelle heure ?
- 21 heures.
- Je le prends à la garderie comme d’hab ? T’as prévenu l’autre cinglée qu’elle me le laisse cette fois où je vais encore passer pour un voleur d’enfants ?
- C’est ok Thomas.
- Cool, j’y serai.
- T’es sûr ?
- J’boirai pas, j’fumerai pas, je lui ferai faire ses devoirs, une soupe à la citrouille, une tape derrière la tête et au lit le minot !
- Merci Thomas.
- C’est moi qui te dis merci pour les carbo, t’as pas intérêt d’avoir mis trop de sel !
Gino s’agrippe à la manche de Thomas, il le secoue comme un bon champagne qu’on va sabrer :
- Et Thomas j’en n’ai pas moi des devoirs à faire ?
- Comment qu’t’en n’as pas des devoirs ???
- Ben suis à l’école maternelle encore !
- Putain de société, ils ont même pas des devoirs à faire…
- On pourra jouer à la bagarre ??
- Hou là là je suis vieux moi pour faire ça…
- Allez, j’te prête mon épée moi Thomas !!!
- Ben alors dans ce cas…
Thomas choppe son tuperwares, il les embrasse tous les deux de ses joues mal rasées et puis la porte claque fort derrière lui.
Il déboule dans l’escalier, il n’est jamais essoufflé. Il fait un mauvais œil à Frida qui dort sur son balai :
- Et Madame la logeuse il va pas se passer tout seul le swiffer !
- Tu vas être en retard Thomas, ne roule pas trop vite hein ?
Le fourgon démarre du premier coup, il va pouvoir accélérer pour être à l’heure. Son dos est bien raide mais pas trop douloureux. Il allume le poste, ça grésille un max, sa radio capte que dalle. Il siffle un petit air comme si tout allait très bien et dans les rues de Quimper, il se faufile avec son Mercedes Benz. La journée qui commence…Bon ça va.
Gino cherche doudou pour le planquer dans son cartable, il glisse sa menotte dans celle de sa mère et puis la porte claque fort derrière eux. Dans les escaliers ils sautent les marches par deux, c’est leur jeu du matin.
Dans le hall Gino demande à Charlie :
- Pourquoi que ce serait pas ton mari Thomas ?
- Parce qu’il est amoureux d’un garçon déjà.
- Et toi ? ton amoureux c’est qui alors ?
- Je n’en ai pas mon ange…mais tu es là toi !
- Mais moi c’est pas pareil !
- Ben nan t’as raison c’est pas du tout pareil…
Frida Pereira somnole toujours sur sa serpillière, elle regarde cette femme seule et ce loustik sautillant à côté, un bon parti qu’ils mériteraient ces deux là…« si c’est pas du gâchis tout ça…Pfff si c’est pas du gâchis…».

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