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Générosité
Publié le 24 novembre 2008 par BloulouJe sais que l’on ne peut pas donner à tout le monde, pourtant c’est si dur certains jours de voir la misère. Il est plus simple de passer à côté d’une personne assise par terre qui a les yeux baissés, bien que son corps tout entier parle pour elle, que de passer à côté d’une personne qui vous interpelle et dont le regard croise le vôtre un cours instant. Pas facile de répondre « non »… Il est vrai que je donne plus facilement à quelqu’un dans l’action, qui cherche à s’en sortir, comme des musiciens dans le métro ou des personnes qui vont demander de l’argent pour offrir telle ou telle chose à d’autres, un espace de liberté pour quelques heures, comme l’autre jour ce jeune très sympathique qui contre une carte achetée permettait à des jeunes de participer pour un semestre à des cours de hip, hop… Oui je sais on ne peut pas donner à tout le monde… Il y a des jours où je m’enferme dans une espèce de carapace pour aussitôt m’en vouloir de ne pas avoir donné, ne serait-ce qu’un sourire… Bien sûr on ne peut jamais non plus savoir jusqu’à quel point c’est vrai, savoir si l’autre en face dit toute la vérité, rien que la vérité… Je m’interroge souvent et pourtant, dans les regards, tant de choses …
Certains diront que s’ils sont là c’est qu’ils l’ont bien voulu… Je pense que ce sont eux-mêmes qu’ils cherchent à rassurer, c’est tellement plus simple ainsi… Mais pour en arriver là, c’est qu’une chose en a appelé une autre, puis ensuite c’est la descente et avec elle la perte de toute volonté, et puis surtout on n’est pas à leur place…
Alors je sais bien que certaines fois je me fais avoir, je le sais dès le moment où je tends une pièce, je le ressens… Mais à côté, tant de reconnaissance dans certains regards que c’est moi qui deviens gênée et qui pars très vite pour ne surtout pas être trop remerciée…
Alors oui je ne sais jamais vraiment qui est cet autre, mais je sais aussi que parfois une main tendue peut aider une personne à s’en sortir… Une toute petite parcelle d’humanité avec la certitude d’avoir égayé pour quelques minutes un quotidien douloureux…