« Je sais tout », c’est le message qu’il m’avait envoyé la veille. Il fallait que je me rende à l’évidence, elle lui avait tout dit ! Comment pouvais-je avoir été assez sotte pour imaginer qu’elle ne le ferait pas ? Maintenant il savait que moi, sa maîtresse, j’avais couché avec sa femme. Il me téléphonait sans doute parce qu’il portait sa virilité en écharpe et qu’il attendait de moi des paroles consolantes. A vrai dire, je n’avais qu’une envie : lui dire merde.
Comment en était-on arrivé là ? Je crois que sa femme – il la disait machiavélique - avait choisi le chemin le plus court pour le crucifier : moi ! J’aurais pu ne pas lui céder, mais quand elle est arrivée chez moi, telle une geisha, la bouche écarlate et les dents carnassières, je n’ai pu résister à l’attrait du fruit défendu et aux saveurs de la chair. Je n’ai pas été déçue. Avec elle, la sexualité s’érigeait en Art. Rien à voir avec son mari, aussi prévisible qu’un horaire SNCF ! J’ai eu le malheur de lui dire, sous le sceau du secret, mais pour elle l’occasion était trop belle. Comment une femme peut-elle s’empêcher de répéter à son mari que sa maîtresse le trouve fade et routinier ?
Deux mois ont passé depuis ce fameux message sur mon portable. Maintenant, je suis la maîtresse officielle de la femme de mon ancien amant. Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à elle et à la pulpe rouge de son sexe juteux. Si elle me quittait, je ne sentirais plus sa bouche qui déguste à petite lampée gourmande le creux de mon brûlant pistil. Si elle me quittait, je mourrais.
Seulement hier, elle m’a fait peur : elle m’a demandé de l’aider à tuer son mari ; le ver est dans le fruit…