Païssios et Isaïe, des frères, avaient pour père un marchand. Le père étant mort, ils se partagèrent ce que leurs immeubles contenaient : cinq mille pièces d’or, des vêtements et des domestiques. Puis ils se consultèrent : « Vers quelle règle de vie nous faut-il aller, frère ? Si nous allons au commerce que notre père a suivi, nous aussi nous avons à laisser le fruit de nos labeurs à d’autres. Et peut-être même succomberons-nous aux risques des voleurs ou de la mer. Eh bien, voici, allons à la vie monastique, afin que nous mettions à profit les biens de notre père et que nous ne perdions pas nos âmes. » Le but de la vie monastique leur plut donc. Mais ils se trouvèrent en désaccord sur un point. Lorsqu’ils se furent partagé les biens, ils s’appliquèrent chacun à plaire à Dieu, mais par des voies opposées. L’un, ayant distribué tous ses biens aux centres d’ascétisme, aux églises et aux prisons, apprit un métier grâce auquel il gagnait son pain et il s’appliqua à l’ascèse et à la prière. Quant à l’autre, n’ayant rien distribué, il se bâtit un monastère et reçut quelques frères. Il recueillait tout étranger, tout infirme, tout vieillard, tout pauvre, dressant trois ou quatre tables le dimanche et le samedi : c'est ainsi qu’il dépensa ses richesses.
évêque Pallade : vies d'ascètes et de Pères du désert