Froid des coeurs

Il fait froid ce matin sur ma campagne. Glace et gel recouvrent les herbes mouillées par la pluie. Il faisait doux et humide. Il fait désormais froid et ciel azur. L’hiver commence sa lente ascension. Il s’est levé tôt cette année. Les arbres sont nus, les fleurs fanées et un tapis d’or tapisse mon jardin. Les bogues sont vidées de leur fruit. Les oiseaux cachent leurs plumes de l’air piquant. Les visages s’enroulent d’écharpes duveteuses et colorées. Noël approche et… la France pleure. Doucement. Des hommes et des femmes sans abri. Des enfants qui vivent dans une voiture. Des restos du cœur débordés. Des foyers qui peinent à joindre les deux bouts. Des emplois qui sautent. Des heures supp’. Des larmes. Des suicides. Aussi. Mon pays va mal. Mon cœur saigne. Je ne donne que rarement mon avis sur ces malheurs mais ce matin, je réalise à quel point je n’ai pas envie d’être politiquement correcte. Le mot est fort. Trop. Je me cache encore un peu. Mais. Bouger. Agir. Se rendre utile. Quelques heures. Auprès de ceux qui souffrent et qui tombent. Inexorablement. Les limbes sont profondes et je sais, personnellement, qu’il n’y a rien de plus difficile que les problèmes d’argent. De nourriture. Un peu de chaleur humaine à partager. Un mot, un sourire, un geste. Je suis comme vous. Ni milliardaire ni mendiante mais encore assez lucide pour aider mon prochain. Il me plait de savoir que cet hiver, dans ma campagne glacée, je serais peut-être utile. Sentiment de réconfort. De sécurité envers ceux qui ont le ventre vide. Et les mains glaçons. Je ne suis qu’une goutte d’eau dans le désert comme le chante Pascal Obispo (sa raison d’être) mais je fais ce que je peux. A mon niveau. Si la vie, finalement, c’était ça ? Œuvrer un peu dans l’ombre mais avec son cœur.