102- L'apparition

Publié le 25 novembre 2008 par Marinatorre
- Je m’appelle Mireille.
- Moi c’est Clara. Merci de votre aide.
- Enfin, mais c’est normal voyons ! Je n’allais pas vous laisser sur mon paillasson, geindre de douleur et vous pourfendre en atermoiements.
De toute évidence Mireille avait une façon bien à elle de s’exprimer. Et cela rassura Clara, qui déjà se fatiguait des poncifs qui venaient de s’échanger. La douleur qui lancinait son pied suffisait à rendre le moment désagréable.
Une tasse de café dans la main, la cheville allongée sur un coussin visiblement fait main, elle dévisageait cette curieuse petite dame. Cette dernière, souriant de tout son dentier, trouvait la situation inespérée. Une jolie demoiselle qui perd son chat et l’usage de son pied gauche, voilà de quoi lui ouvrir des perspectives inattendues. Déjà, il avait fallu appeler un médecin d’urgence, ce qu’elle s’est empressée de faire, malgré les véhémentes protestations de celle qu’elle surnommait déjà sa « patiente ». Une fois l’homme de sciences déguerpi, elle s’autorisa à réconforter la petite, ce qui lui permettait d’en apprendre plus sur son compte. De quoi se délecter d’avance. Et qui sait, peut-être se verrait-elle confier la tâche de retrouver le chat ? On l’avait un peu oublié dans toute cette histoire.
- Dommage que le toubib, ne soit pas resté. Il était mignon, trouvez pas ? En plus, il avait pas d’alliance, fit remarquer Mireille.
- Euh, oui ? J’ai pas fait attention à ça.
Clara sourit. Cette Mireille, décidément était surprenante. Cela lui faisait presque penser que sa situation n’est pas si grotesque. La blessée gisait. Affalée plus qu’assise sur un canapé caca d’oie recouvert d’un plaid multichrome tricoté au crochet à boire une mixture pisseuse tout en grignotant un bout de brownie. Tant d’attention pour une simple entorse ! Elle bloquait des éclats de rire entre ses dents, contractant gencives et abdos dans un effort de courtoisie. En voyant une icône entourée d’une guirlande de fleurs lumineuses, elle céda franchement. L’image représentait Jean-Paul Belmondo sous forme de demi-dieu avec sourire énigmatique et regard énamouré à la clé. Ne manquait que l’auréole.
- Eh bien, je vois que mon petit gâteau magique fait de l’effet.
- Pardon ?
- Ce qui accompagne votre café là, c’est un « space cake ».