
Je suis un mentor né, on me demande sans arrêt de prendre des nouveaux stagiaires en charge. C’est comme ça, c’est le charisme, ça ne s’explique pas… Les mauvaises langues diront que ce sont surtout les circonstances qui m’obligent. Je leur dirai prout.
Depuis ce matin, et pour une demi-semaine, on a une mini-stagiaire dans l’équipe. Vous vous souvenez de votre petit stage de troisième, qu’était vachement professionnalisant et pour lequel on vous avait demandé de tenir la caisse pendant cinq minutes, de balayer ou, si vous êtes chanceux, de traîner sur le ouèbe comme une âme en peine ? M’enfin je dis ça, j’en sais rien, à mon époque ils avaient point trop le ouèbe à la World Company de Seine-et-Marne…
Donc, quand moi je me suis emmerdé à passer le balai entre les rayonnages d’une librairie dont je devais ranger les collections dans l’ordre des numéros de série (un travail passionnant et déterminant dans mon orientation professionnelle, quoi), bah cette jeune cruche, elle, elle passe direct par la case "job que je voudrais faire plus tard". Connasse. C’est vraiment trop injuste d’être collégien dans une micro-ville de province, en fait.
Bref.
Le truc drôle, c’est que, 1) c’est forcément à moi qu’on l’a confiée, la petite, avec la pêche que j'ai en ce moment, et 2) comme avec l’ex-co-stagiaire qu’était vraiment bonne à rien quand je l’ai prise en charge au mois de juillet, bah elle non plus, elle sait rien faire. En même temps, je ne dispose que de trois jours pour en faire quelque chose, et je fais pas de miracles, non plus. Déjà que l’ex-co-stagiaire, j’avais mis quinze jours à lui expliquer à quoi servent les blogs (je crois qu’elle a toujours pas compris, d’ailleurs) (moi non plus) (ce qui me place dans une situation assez azimovesque, vous avouerez) (bref)… Bon, bah là, la collégienne, dès que je prononce trois mots plus ou moins jargonnants, elle m’ouvre des yeux ronds comme des billes. Limite je vais devoir lui rédiger son rapport de stage jeudi matin. Mais bon, je peux bien faire ça, elle n’a QUE cinq pages à rendre, elle (‘foirée !) !
Mais mon charisme légendaire de mentor a déjà fait son petit effet. Je suis prêt à parier cher qu’elle voudra bosser ici après la matinée que je viens de lui mettre en scène… Déjà je devais arriver à 9h pour la prendre en charge, mais je suis arrivé comme une fleur à 10h10, la trouvant toute abandonnée sur un ordi… où je l’ai laissée mijoter une partie de la matinée ("Bon, bah tu vas regarder le site ouèbe et prendre des notes, hein, moi j’ai du boulot") (mouarf). En fin de compte, quand elle m’a demandé (pour son rapport de stage) en quoi consistait mon boulot, j’y ai répondu "Bah tu sais moi j’suis stagiaire, en fait, donc si on résume je sers à tout et à rien. Surtout depuis que j’ai plus de patron. Je traîne sur le ouèbe (m’enfin on n’a qu’à appeler ça de la veille de tendances, si tu veux) et quand on me demande de faire un truc (environ deux fois par jour), bah je le fais. Si c’est un truc sympa, je le ponds en une demi-heure, et si c’est un truc complètement con du genre télécharger un catalogue d’images avec une connexion 56k, bah je prends mon temps, t’vois".
Ça l’a vachement impressionnée. J’ai dû éveiller une vocation professionnelle, c’est beau.
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Tu vas voir qu’avec le bol que j’ai, le directeur de son école va m’appeler pour m’engueuler…