La main dans le sac (Suite et fin)

Publié le 26 novembre 2008 par Dalyna

Tout d’abord, je tiens à m’excuser pour la coupure de 3 ans entre le second et dernier épisode. Des petites obligations de boulot ne m’ont pas permis d’avoir le temps de prendre la plume (le clavier). Si vous êtes largués, n’hésitez pas à reprendre le fil en relisant les épisodes précédents.

Tandis que la jeune fille menottée s’éloigne vers la voiture de police, nous autres clients sommes invités à nous regrouper dans un coin, le temps que Julie Lescaut et son équipe… euh… vérifient nos papiers ? Préparent les amendes ? Franchement, nous ne savons pas vraiment ce qui se trame et pourquoi nous attendons. Du coup, nous nous mettons tous à discuter entre nous… Une fille a relevé la même chose que moi concernant la remarque de Julie Lescaut qualifiant l’un des gérants de « gros ». Outrée, elle me dit ne pas comprendre ce que des jugements physiques viennent faire là. Nous reconnaissons tous que le fumoir n’est pas aux normes fixées par la loi. Toutefois, ce qui nous écœure réside davantage dans la manière de traiter les individus. Le mépris, la condescendance, la moquerie… Je ne crois pas que c’est pour cela que les policiers sont payés tous les mois.

Soudain, Julie Lescaut nous rejoint et commence à balancer une phrase, quelque chose pour nous dire qu’on va se taper 68 euros / personne. Et là, Johnnyfrenchman prend la parole. Il s’ensuit un débat, où il démonte les arguments de la Julie un à un, en lui disant notamment qu’il faudrait peut-être cesser l’hypocrisie, et que si cela est illégal, pourquoi ne pas fermer ces lieux au lieu de les maintenir ouverts et de verbaliser. Nous, en tant que consommateurs, on voit que c’est ouvert, on rentre.

On voit au visage de Julie Lescaut qu’elle commence à se dire « Mince, c’est pas un tétard ce mec ». Elle rétorque que ce n’est pas son problème et qu’elle est là pour faire appliquer la loi, c’est tout.

Là, Johnnyfrenchman commence à partir en freestyle… Je vous avoue que je ne me rappelle pas de ce qui est dit car cette scène a bien duré 20 minutes, pendant lesquelles nous tous sommes en train de regarder Johnnyfrenchman, argumentant dans tous les sens. Il parle bien, il est certes enflammé, mais posé, il présente bien… Bref, vous vous souvenez de Julie Lescaut qui est entrée dans la boutique comme Hulk ? Et bien, vous la verrez là, c’est devenu un minipouce. Elle ne sait plus quoi dire. Son collègue en civil vient donc à la rescousse et commence à prendre notre Johnny pour un anar. Il lui sort : « Monsieur, moi aussi, je pense des choses, mais c’est dans les URNES monsieur qu’il faut parler, dans les URNES ». Johnnyfrenchman lui met un Stop direct : ce n’est pas à lui qu’on va faire des leçons de citoyenneté… et il se met à embrouiller à nouveau le keuf avec le Parlement, notre système démocratique et tout le toutim. Le keuf à son tour est devenu un minikeum, ou un minikeuf plutôt. A son tour, il ne sait plus quoi dire, donc il change de sujet :

Minikeuf en civil : euh, vous faîtes quoi dans la vie ?

Johnnyfrenchman : enseignant chercheur.

Le keuf a tellement rétréci qu’il est à peine visible. Imaginez-vous qu’en entrant dans ce salon, il s’attendait à trouver des tétards, fumant comme des toxs et ne sachant pas aligner un mot de français… et là, il tombe sur quoi ? Un chercheur. Et français de chez français qui plus est. Comprenez donc son désarroi. II repart avec Julie Lescaut qui discute plus loin avec le patron. Nous reprenons nos discussions entre clients, et j’avoue à Johnnyfrenchman qu’il a vraiment assuré. Alors qu’on était tous des criminels qui allaient cracher 68 euros chacun, on a senti que le vent a tourné une fois qu’il l’a ouvert… Tandis que nous attendions nos amendes, le keuf en civil revient tout à coup pour nous annoncer que finalement, personne ne sera verbalisé, si l’on décampe tout de suite. Oui, mais avant de partir, il faut que nous récupérions nos papiers d’identité. C’est là que les flics qui se sentaient déjà un peu cons suite à la discussion avec Johnny, vont carrément basculer dans le ridicule.

Nous récupérons nos cartes chacun notre tour… sauf Johnnyfrenchman, dont le permis s’est volatilisé. Les flics l’ont égaré et n’arrivent pas à remettre la main dessus. Les clients vident les lieux un à un, mais nous sommes tous deux bloqués à l’intérieur regardant la troupe de Julie fouiller les lieux pour tenter de la retrouver. Ils discutent entre eux, et se rappellent bien du document, mais… rien. Ils regardent sous les tracts, sur les banquettes, sous les banquettes, sous les tables, sous la terre… mais rien. Ils rappellent donc le keuf qui est parti avec la gamine, pensant qu’il l’a malencontreusement pris avec lui, mais celui-ci ne l’a pas. Ils sont tous rouges et ont trop honte… Julie Lescaut ne sait plus où se mettre.

(Avance rapide - 15 minutes de recherches vaines)

Johnnyfrenchman finit par retrouver son permis… dans une plante. Eh oui, c’est là qu’un keuf l’a égaré. Johnnyfrenchman enfonce le clou en leur disant qu’il faudrait tout de même qu’ils fassent plus attention : s’il était étranger et qu’on lui égarait ses papiers de la sorte, il se serait retrouvé le lendemain dans un charter. Vexé, le keuf se contente de bredouiller « oh, mais… ça n’existe plus les charters… ». Julie Lescaut s’avance doucement vers nous, et tente alors de sympathiser.

Julie LescautOh la la, vous n’avez pas eu de chance vous, aujourd’hui hein… hi hi, mais bon, vous allez vous détendre avec du vin ce soir…

Discrètement, elle s’approche de lui et elle… s’excuse ! De là où je suis, j’observe la scène et j’hallucine. Ellelui demande à nouveau ce qu’il fait dans la vie. Ils ont l’air obsédés par ça… A croire qu’ils adaptent leur comportement en fonction de la profession de la personne qu’ils ont en face… Ou de sa tête aussi. Oui, parce que la jeune fille embarquée une demi-heure plus tôt, on ne lui a pas demandé ce qu’elle faisait dans la vie, malgré toute la négociation dont elle a usé pour éviter de se faire emmenée au poste. Les flics n’ont pas eu une once d’indulgence pour elle, tandis qu’il a suffi que le seul blanc de la pièce l’ouvre pour que toutes les amendes soient annulées. Hasard ou coïncidence ?

Je ne vais pas cracher dans la soupe. Je suis bien contente de n’avoir rien payé. Nous sommes sortis de là soulagés, car à nous 2, cela nous aurait coûté presque 150 euros. Malgré cette consolation, nous ne pouvions ôter de nos esprits un sentiment d’injustice. Ce fût 2 poids 2 mesures. D’un côté, l’intransigeance dont les policiers ont fait preuve avec une jeune gamine et de l’autre, la largesse de permettre à une dizaine de clients d’échapper à l’amende, grâce à l’intervention de Johnny. Nous ne savons pas comment expliquer cela. Nous avions bien notre idée… mais c’est si triste que nous préférons le garder pour nous. A chacun d’en tirer ses propres conclusions. Quoiqu’il en soit, nous ne pouvons oublier la silhouette de cette fille qui s’éloigne vers la voiture de police. Au milieu de nos tristes conclusions, nous aurions juste aimé qu’elle bénéficie aussi de la présence de Johnny. Elle est partie menottée, parce qu’elle n’avait pas ses papiers sur elle. Heureusement, elle ne connaîtra jamais la suite de l’histoire : par les mêmes mecs qui l’ont embarquée, Johnny a failli repartir sans.