Un jour, je me trouve inutile, moche, grosse, idiote et mûre pour la retraite fermée dans un monastère tibétain et le lendemain, c’est la joie et l’allégresse. Je suis ainsi faite. Je change d’humeur plus vite que mon ombre, telle une Lucky Luke des états d’âme.
Cette journée de congé m’a fait le plus grand bien. Je suis allée récupérer une commande au comptoir Chanel et bizarrement, l’associé aux ventes m’a retenue au moment où je quittais les lieux afin de me remettre, en toute hâte, un échantillon de crème pour les yeux “énergisante, multi-protection, anti-poches et anti-cernes”. Était-ce un message subliminal?
Même mon univers onirique m’envoie (pas si) subtilement des signes: j’ai rêvé cette nuit qu’une personne soutenait opiniâtrement que je n’avais pas l’air bien malgré le fait que je tentais obstinément de lui prouver le contraire. Saloperie de subconscient.
Il existe néanmoins un remède à cette fatigue abrutissante: le magasinage thérapeutique.
Rien de tel que se faire complimenter sur TOUS les articles qu’on essaie pour retrouver le moral. Même si ladite cliente n’est pas le moindrement d’accord avec l’avis pas objectif du tout de la vendeuse.
Je suis allée faire un tour chez Axara, dans l’espoir de peut-être dénicher une ou deux jolies tenues pour les Fêtes. Car il s’agit d’une tradition depuis ma tendre enfance: Noël égale nouvelle robe. Et cette boutique regorge généralement de robes glamour et uniques - parfaites pour les Fêtes. Lors de ma séance de shopping, j’ai été secondée par une vendeuse totalement surzélée. Ceci étant dit, j’avoue ne pas détester ce sentiment de vivre une scène tout droit sorti d’un film à la Pretty Woman, ou des vendeurs/vendeuses sont aux petits oignons avec moi. Ces attentions me font sentir importante, l’espace d’un court instant. Même si, en réalité, je sais pertinemment que c’est plutôt mon porte-feuilles qui est directement visé par ces obligeances intéressées. Toutefois, je trouve un peu lourd lorsqu’on me sort “Cette robe te va à ravir, elle est faite pour toi!” à toutes les fois que je jaillis de la cabine d’essayage, telle une braqueuse de magasins de fringues (flingue en moins). J’suis pas stupide, quand même. Je connais mon corps, ses points forts et ses points faibles et je sais généralement comment mettre mes atouts en valeur et atténuer les zones problématiques. Alors n’essayez pas de me convaincre que cette robe, qui me donne l’allure d’une poire (épaules décharnées et énorme bassin) me va à ravir, ou que cette robe-tube ne glissera pas faute de devanture suffisante pour la maintenir en place.
Enfin, ce grand safari au centre commercial m’a permis de ressortir de la boutique avec une superbe robe violette pour Noël et un joli pull orange brûlé, qui se mariera à ravir (pour vrai, là) à une jupe satinée couleur brun-bronze achetée au Château il y a quelques semaines. Et comme j’avais grand besoin d’une paire de chaussures habillées de couleur brune (pouvez-vous croire, seulement un instant, que ce type de chaussures était jusqu’à ce jour absent de ma collection? Infamie!), j’ai zieuté du côté de la boutique Steve Madden, marque réputée pour ses chaussures fashion à un prix “relativement” abordable. Disons que souvent, les tranches de prix avoisinent celles d’Aldo.
Chez Steve Madden, elles m’attendaient. Elles se tenaient là, devant mon regard médusé. Elles étaient EXACTEMENT les chaussures que je cherchais (brunes dont le tissu satiné s’harmonise fort bien avec la jupe mentionnée précédemment), et à rabais en plus. Comment faire pour ne pas céder à la tentation?
Thérapeutique, je vous jure!
Dans un tout autre ordre d’idées, mais qui tout compte fait a également eu un impact de plus sur le rehaussement de mon moral, j’ai eu la confirmation que la bifurcation que je m’apprête à faire a du bon. Une des employées du bureau de mon audioprothésiste que je devais voir aujourd’hui me racontait qu’une de ses proches a un emploi de conseillère en communications dans une entreprise gouvernementale, qu’elle s’y plaît et qu’elle gagne très bien sa vie. De plus, la dame qui m’a reçue aujourd’hui, au département des services aux étudiants, a également corroboré les dires de la conseillère en orientation: le secteur n’est pas bouché et les perspectives d’emplois sont des plus intéressantes.
Alléluia. Après la pluie, le beau temps. Ou bien devrais-je dire après le cafard, le shopping thérapeutique.